N° 1039 | Le 17 novembre 2011 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Le second tome du récit de Pascal Le Rest n’est pas la suite du premier, puisqu’il se situe chronologiquement dans la période qui le précède.
Autant Une jeunesse entre béton et bitume décrivait l’entrée dans l’âge adulte, autant Banlieue sud évoque les années adolescentes. Aller de troquet en troquet, massacrer les flippers, découvrir les joies de l’ivresse, chahuter les profs, défier la mort sur sa mobylette, ses premiers flirts etc. Tout y est. On rit beaucoup. On s’attendrit parfois. On s’imprègne, à chaque page, d’humanité. Les scènes raisonnent en nous, laissant un goût de déjà-vu ou de déjà vécu. Les situations sont souvent cocasses. Elles donnent à voir l’effronterie, l’insouciance et la joie de vivre d’une classe d’âge qui montre tout autant sa fragilité que sa vulnérabilité. Qu’il s’agisse de la course-poursuite entre un automobiliste irascible et Franck, le héros du roman, juché sur sa mobylette ou de la première boum organisée clandestinement dans une salle de sport, on n’a guère l’impression que les choses ont vraiment changé.
La tentation de transgresser la loi est récurrente : s’enfuir d’une station-service sans payer, après avoir fait le plein d’essence de la Suzuki ou venir ravager en moto le champ de petits pois du paysan qui vous a viré la veille : qui a dit que la petite délinquance était un phénomène contemporain ? Et puis, il y a la descente des jeunes de banlieue dans les stations balnéaires pour aller draguer et les conflits avec un gardien de camping : qui a dit de nos petits jeunes d’aujourd’hui qu’ils sont incapables de se contrôler, à la différence d’autrefois ? Sans parler de ces petits mâles encore puceaux qui cherchent à préserver leur réputation, alors qu’ils crèvent de trac face au beau sexe. Qui a dit que notre jeunesse actuelle ne sait plus établir de saines relations affectives ? Et le déclenchement de cette gigantesque bataille de nourriture dans la cantine du lycée. La survenue du proviseur ne permettra pas de rétablir la discipline, la plus haute autorité de l’établissement devenant la cible d’un lancer fort bien ajusté.
Qui a dit que, de nos jours, il n’y a plus de respect pour les adultes ? La lecture de cet ouvrage est trop criante de vérité pour qu’on n’y voie pas une grande part d’autobiographie. L’auteur se dévoile, en glissant un indice. À moins qu’il ne s’agisse d’un superbe lapsus qui ferait le régal d’un psychanalyste. Alors que Pascal Le Rest n’a cessé d’appeler son héros Franck, il le nomme à la page 273 « Pascal » !
Ce second volet de la trilogie annoncée est, en tout cas, un vrai régal. À lire pour le plaisir, mais aussi pour ce qu’il nous rappelle d’un comportement adolescent qui transcende les époques.
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