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Billet de La plume noire : Logement et Humanité

François Durand, éducateur spécialisé de son état, doit se rendre à une réunion dans le cadre d’une rencontre partenariale. Afin de savoir où il va mettre les pieds, il regarde le site de « LOGEMENT ET HUMANITE ». Avec ses 55 associations sur plus de 80 départements et son immense parc immobilier, cette entreprise à caractère sociale ressemble à s’y m’éprendre à la « World Company ». Mais bon, comme le dit sa cheffe de service éducatif, Il est toujours préférable d’avoir des solutions d’hébergements lorsque l’on travaille avec un public bien souvent « à la rue ». La problématique du logement, c’est un sacré caillou dans la chaussure, alors autant multiplier les possibilités d’ouvertures.
« Permettre l’accès à un logement décent aux personnes en difficultés ». C’est marqué sur la page du site dans l’encart d’une photo sur laquelle une femme d’une cinquantaine d’années arbore un joli sourire. Elle est abîmée, pas la photo, la femme, mais pas trop. Il ne faut surtout pas dégoûter le Chaland. Pauvre, oui, écœurante, dégoûtante, non. On voit bien, car la photo est faite pour ça, que la Ginette a dû en son temps taquiner de la bouteille et de la goldo, mais ce qui doit avant tout ressortir c’est que grâce à « LOGEMENT ET HUMANITE » elle s’est reconstruite. Ce qu’elle était, elle ne l’est plus. La pauvre ne nous invective pas, non, la pauvre dit merci. C’est une bonne pauvre. Une pauvre « Restos du cœur » qui a retrouvé confiance et estime de soi. Une pauvre qui a repris le chemin de la citoyenneté.
« Réconcilier l’économique et le social, l’humain et l’urbain  », « LOGEMENT ET HUMANITE », grâce à un marketing bien léché gommant les aspérités propres à la nature humaine, est un projet qui a de la gueule. « LOGEMENT ET HUMANITE » vend du pauvre et pratique le Contrat à Impact Social. Dès lors, seule la réussite et le sourire sont de rigueur.
François Durand, lui, aime bien quand les gens auprès de qui il censé intervenir font la tronche, voire, l’insulte ou lui crache à la gueule. Le transfert négatif est aussi du travail, peut-être le seul réellement éducatif, et François voit en celui-ci l’occasion de vraiment exercer son métier Avec Ginette, il n’y a plus rien à faire. Elle sourit déjà. Elle est reconnaissante.
Arrivés à la réunion, François est accueilli par deux bénévole, Marie- Thérèse et Josiane. « HABITAT ET HUMANITE » c’est 2100 bénévoles.
Marie-Thérèse explique assez rapidement qu’elle a déjà par le passé eu affaire à « La Termitière » (1) qui leur avait orienté une personne. Elle s’empresse de dire et le dira trois fois au cours de la réunion que cette personne manquait d’autonomie et qu’apriori il était de coutume au sein de « La Termitière » de faire à la place des gens mais que ce n’est pas la façon de procéder de « LOGEMENT ET HUMANITE ». Eux, dit-elle, visent l’autonomie. C’est primordial autrement comment faire pour avancer et puis rajoute-t-elle, elle est bénévole et ne peut pas être disponible 24 heures sur 24. Marie-Thérèse semble oublier que personne ne l’a obligé à être bénévole et surtout pas une personne non autonome à qui elle demande de l’être et qui se retrouve larguée du jour au lendemain parce qu’il faut avancer, se mettre en marche.
Oui, il faut avancer car après trois ans maximum, l’hébergement prend fin. Espérons que d’ici là, Ginette soit pleinement autonome. Dans le cas contraire elle pourra toujours revenir vers « LOGEMENT ET HUMANITE » pour, le sourire en moins, refaire le portrait à cette brave Marie-Thérèse.

(1) Nom de l’association au sein de laquelle officie François Durand