N° 1069 | Le 5 juillet 2012 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
La théorie de l’évolution de Charles Darwin est, aujourd’hui, reconnue par la plupart des scientifiques. Elle a évolué depuis sa naissance, bénéficiant des recherches et découvertes qui sont venues corriger et compléter son expression initiale. Mais, le noyau central perdure. Pour qu’il y ait évolution, il faut de la variation : c’est le principe de la diversité entre les organismes. Certains sont favorisés car ils sont les mieux adaptés à leur milieu. C’est le principe d’adaptation. Et ce sont eux qui vont se disséminer le plus. C’est le principe de reproduction. Le darwinisme a dû aussi se battre contre les perversions qui lui ont fait de l’ombre.
Non, la théorie de la sélection naturelle ne privilégie pas les meilleurs, comme le prétendait Francis Galton, cousin de Charles Darwin qui en déduisit la nécessité d’une politique eugéniste. Aucune caractéristique n’est avantageuse par nature : elle peut, dans certaines circonstances, constituer une qualité et, dans d’autres, un défaut. Non, les mutations opérées sous l’effet de la sélection ne constituent pas un progrès. C’est juste une constante mise à jour qui n’est en soi ni bonne, ni mauvaise. Non, il ne faut pas chercher une réponse adaptative aux évolutions de tout ce qui nous entoure. Le hasard et la fantaisie font aussi partie des paramètres interagissant sur l’évolution. Fort de ces précautions, l’auteur se lance dans une étonnante extension : appliquer la théorie universelle de la sélection naturelle au psychisme et aux comportements humains.
Ainsi de la confrontation de la multitude d’hypothèses théoriques (diversité). Celles qui permettent le mieux de comprendre le monde vont subsister en priorité (meilleure adaptation). Ce sont elles qui se diffuseront le mieux (reproduction). Ainsi, de la multiplicité de nos souvenirs (diversité). Les moins agréables peuvent être supplantés par des expériences positives (adaptation), laissant ainsi la place, dans la mémoire, aux souvenirs plus agréables (reproduction). Ainsi, d’un problème qui ne peut que bénéficier de la multiplicité des solutions possibles (diversité). Les plus efficaces seront retenues (meilleure adaptation) et diffusées (reproduction). Pour Jean-Louis Monestès, tout changement d’habitude demande du temps et de la persévérance : tout d’abord les conduites les plus adaptées subsistent à côté de celles qui le sont moins. Puis, progressivement, notre répertoire comportemental, s’enrichissant de celles qui sont les plus profitables, élimine les conduites qui nous causent du tort.
La dernière partie de l’ouvrage présente comment ces transformations d’attitudes peuvent permettre de mettre en œuvre notre liberté d’action, en contredisant les déterminismes auxquels nous sommes confrontés.
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