N° 1175 | Le 10 décembre 2015 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Est-il vraiment très convenable qu’une adolescente de 13 ans fréquente un SDF ? Combien de familles ne s’inquièteraient pas d’une telle situation, y mettant très vite un terme ? Et pourtant les parents de Luce respectent son choix. Elle est comme fascinée par ce vieux monsieur aux cheveux en bataille et à la barbe fournie qui mendie chaque jour, devant la superette du bourg où elle habite. D’une importante culture et d’une toute aussi grande authenticité, Charlie possède une beauté intérieure, celle d’une âme pure que seul parfois un enfant peut réussir à percer à jour. Luce va y perdre ses amis et se faire renvoyer de son collège, sans jamais regretter cette belle histoire d’amitié et d’humanité.
François David propose là un véritable hymne à la tolérance et au respect de la différence. Une seule exception à cette ouverture d’esprit, la colère de l’adolescente à l’égard de toutes celles et de tous ceux qui ne comprennent pas cette magnifique rencontre : leur hauteur d’esprit, affirme-t-elle avec force, n’arrive même pas au niveau de la semelle des chaussures trouées de Charlie. Une belle fable, pensera le lecteur. Fort improbable ? Le livre comporte une annexe : l’interview de la véritable « Luce » qui, enfant, a vécu cette invraisemblable rencontre. Le lecteur devinera sans doute ce qu’elle est devenue une fois adulte : assistante sociale.
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