N° 754 | Le 26 mai 2005 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Combattre les exclusions

Michel Falise


éd. Chronique Sociale, 2004, (167 p. ; 16 €) | Commander ce livre

Thème : Exclusion

L’exclusion n’est ni fatale, ni définitive […] la société peut faire plus et mieux pour la prévenir, la réduire, l’éliminer » (p.19). C’est sur cette proposition de principe que l’auteur, universitaire, économiste et ancien président du mouvement Habitat & Humanisme nous propose une réflexion pleine de sensibilité et d’intelligence. Il commence par un constat roboratif porté sur la montée d’une culture stérile de protestation-résignation qui se contente de mettre en accusation la mondialisation ou l’égoïsme des nantis. Cette attitude présente l’inconvénient de simplifier une société faite certes de replis sur soi, d’appétits de domination et de rejet de l’autre, mais aussi de capacités de générosité, de solidarité et d’ouverture vers celui qui est différent. Et puis, la contemplation morose de la macrodimension de notre monde pousse à se complaire dans des lamentations démobilisatrices.

Ce que l’auteur préconise, c’est au contraire des micro-engagements responsables, qui ne vont certes pas changer notre société à la vitesse que nous souhaiterions, mais qui ont l’avantage d’engager des actions tous azimuts. Car la complexité du phénomène de l’exclusion rend irréaliste les explications et les solutions simplistes qui privilégient un facteur proche ou lointain, parmi tous ceux qui sont en jeu. Les causes proviennent d’une multitude de mécanismes qui se cumulent et s’amplifient réciproquement. Pour avoir quelques chances de réussir, toute démarche, inspirée de la maxime « penser global, agir local » doit être menée dans tous les domaines (économie, culture, éducation, santé, urbanisme…), à tous les niveaux (proximité, à l’échelle des villes des départements, du national…) et par tous les acteurs (habitants, élus, bénévoles, professionnels…).

Abordant tour à tour le logement, le politique, l’éducation, l’auteur évoque aussi l’économie qui, en perdant trop souvent sa finalité au service de l’homme, peut laisser penser qu’elle ne peut fonctionner que sur les ressorts de l’intérêt personnel et des motivations égoïstes, de l’accumulation des savoirs et de la volonté de pouvoir. Ce serait là confondre ce qui est avec ce qui doit être. Et de citer l’économie sociale et solidaire qui déploie bien d’autres dimensions ou encore la fondation Agir contre l’exclusion qui regroupe 400 PME. « La générosité comme l’égoïsme, l’ouverture comme l’enfermement, l’humble recherche de la vérité comme l’affirmation péremptoire de slogans sont fort équitablement répartis dans tous les milieux culturels, économiques, sociaux ou politiques » fait-il remarquer avec pertinence (p.53). Si chacun s’épanouit en développant ses compétences individuelles, c’est en donnant et en recevant qu’il gagne en humanité : en assumant son insuffisance tout d’abord et en se risquant à la confiance ensuite, l’un et l’autre permettant de chercher la complémentarité de l’autre.


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