N° 908 | Le 4 décembre 2008 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Tout ce que vous avez voulu savoir sur la validation des acquis de l’expérience, sans jamais oser le demander, a de grandes chances d’être ici. L’auteur nous propose un ouvrage à la fois didactique et réflexif, méthodologique et de référence.
Pendant longtemps, l’école resta le seul lieu d’acquisition des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être. Et pourtant, l’expérience tant personnelle que professionnelle est aussi source de compétences. La capacité à exercer un métier n’est pas seulement liée à des connaissances théoriques apprises, mais aussi à un savoir mis en action. Si l’on trouve dès 1934 la possibilité pour les techniciens autodidactes d’acquérir le diplôme d’ingénieur, il faut attendre 2002 pour qu’une loi révolutionne l’obtention de diplômes par une voie qui n’est pas celle de la formation professionnelle.
Cette possibilité intervient en une période de profondes mutations. Il y a la déqualification massive du secteur de l’action sociale sous l’effet combiné, d’une part, de la diversification et de la massification des besoins sociaux, et d’autre part, d’un départ massif à la retraite de près de 30 % des professions d’éducateurs et d’assistants sociaux, à l’orée de 2010. Mais, il y aussi la perspective pour un salarié, en début de carrière, de changer trois à quatre fois de métier dans sa vie. Dorénavant, trois années d’ancienneté suffisent pour tenter de faire reconnaître l’expérience acquise dans un métier et d’obtenir le diplôme équivalent. Il s’agit alors de se montrer en capacité de s’auto-évaluer et d’effectuer un travail réflexif sur sa vie professionnelle.
La démarche comporte trois étapes supervisées par un jury chargé de la validation : faire émerger un certain nombre de compétences, rechercher les éléments susceptibles d’en prouver l’existence et les confronter à un référentiel. L’objectif est de déterminer des équivalences entre les compétences professionnelles exposées et les savoirs académiques. Le candidat doit, pour y arriver, posséder une certaine maîtrise de la langue écrite, car on attend de lui qu’il décrive une expérience significative issue de sa pratique professionnelle. Ce qui implique une double position faisant de lui à la fois un scripteur et le personnage principal du récit qu’il élabore.
Autre difficulté, celle de présenter une situation sans trop la simplifier ou la lisser, alors que c’est justement sa complexité et son hétérogénéité qui en font la richesse. Le travail prescrit trouve assez facilement à se couler dans le moule du langage. Le travail réel, avec ce qu’il entraîne d’inventivité, de découvertes et de réponses multiples est bien plus aléatoire à énoncer. Le risque est grand alors de recomposer et de remodeler le réel, en restant plus ou moins fidèle aux situations initiales. Il est tout autant délicat de parler à la première personne, alors que le plus souvent l’action a été collective.
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