N° 1140 | Le 1er mai 2014 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Bien trop négligée, la formation philosophique des éducateurs spécialisés présente pourtant l’avantage de passer de la recherche d’une réponse définitive, rassurante et sécurisante, à l’élaboration d’hypothèses qui, en engendrant de nouveaux questionnements, élargissent le champ de la réflexion. Le tout pour objet, la raison comme moyen et la sagesse comme but, tel est le fondement d’une discipline déployé par Bernard Solet à propos du concept de « sujet ». Articulant l’individu « placé plus haut que l’espèce » et la personne « celle que je suis est le rôle que je joue sur la scène de la vie », l’auteur rappelle ce que l’être humain doit respectivement à ce qui le distingue de ses congénères et à ce qui le relie à eux. Jouant de la dualité entre les droits chacun voulant acquérir pour lui la plus grande liberté et les devoirs les contraintes étant induites par toute vie en communauté, Bernard Solet met en perspective l’aspiration à exister pour soi et la nécessité de vivre avec et par autrui.
Soulignant la dichotomie entre le désir qui transcende le sujet et ne disparaît pas avec l’acquisition de l’objet et le besoin qui se réduit au minimum vital, l’auteur met en garde contre une confusion qui ignore le moteur de l’évolution humaine. Distinguant le langage qui est concomitant à la pensée et la langue qui lui est postérieure, Bernard Solet insiste sur l’importance d’écouter au-delà de la parole. Opposant l’autonomie et son implication que constitue la liberté de penser et d’agir et la protection qui s’impose pour préserver les plus vulnérables, l’auteur renvoie au droit et à l’éthique pour établir l’équilibre fragile entre elles. Tout est problématisation. La connaissance ne se confond pas avec la vérité : c’est seulement l’interprétation des signes perçus, doute et erreur étant au fondement de la raison.
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