N° 1182 | Le 31 mars 2016 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Droit de refuge pour les femmes et les enfants
Marie-Dominique Wilpert, avec Martine Bodénant, Catherine Douyère, Claire Dubost et Evelyne Guillot
L’œuvre normande des mères, créée en 1942 pour accueillir les femmes enceintes pendant la captivité de leurs époux, s’est ensuite ouverte aux « filles mères ». Dans les années 1970, elle se tourne vers les épouses et les compagnes victimes de violences. Puis en 1984, elle ouvre un centre d’urgence pour femmes battues. L’ouvrage est issu d’une recherche participative centrée sur le travail théorique, clinique et éthique de l’équipe partageant le quotidien des mères et de leurs enfants. L’action socio-éducative déployée consiste à permettre aux femmes accueillies de passer de l’état de dénuement matériel et de désorganisation psychique extrême à une posture de sujet qui se reconstruit, revisite son histoire et réinvestit son parcours de vie.
Pour autant, l’équipe se refuse à opposer ou à hiérarchiser les intérêts des deux parents et ceux du mineur. Il faut même parfois protéger à la fois la femme victime de violence et l’enfant que celle-ci agresse. Il en va de même avec un père qui ne saurait être réduit à ses seuls comportements brutaux. Si l’on protège sa femme et ses enfants de la maltraitance dont il se rend coupable, il faut aussi prendre en compte sa propre souffrance, en tant que personne. La tentation est permanente d’écarter un acteur de la relation, pour réduire le questionnement et ainsi simplifier l’accompagnement. L’étude de cas de trois familles permet de mesurer la complexité de chaque situation et la nécessité de s’ajuster à la singularité de chacun(e), en tenant compte d’une histoire et d’une souffrance chaque fois spécifiques. La volonté de l’équipe est donc bien de ne pas choisir entre les uns ou les autres, mais de s’adresser de manière plurielle à une famille confrontée à une réalité remuante, abrupte et bigarrée.
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