N° 1303 | Le 19 octobre 2021 | Critiques de livres (accès libre)
La mystification de l’innovation
Si la conception dominante de l’innovation sociale consistait à approfondir toujours plus la démocratie, en intégrant de nouvelles formes d’expression publique des citoyens, salariés et usagers. Si elle avait pour ambition d’accompagner les initiatives et projets à vocation sociale, solidaire et écologique. Si elle était fondée sur la subordination de l’économie à des objectifs d’émancipation. Mais, ce qu’elle cherche à nous vendre, c’est l’intériorisation des impératifs de rationalisation, d’efficience et de rentabilisation. C’est la réduction des dépenses sociales et la recherche d’investisseurs pour compenser la baisse des financements. C’est le déplacement de l’action publique vers le privé et l’absorption progressive des services d’intérêt général par le marché. C’est l’introduction des évaluations quantitatives des résultats par la mise en place d’indicateurs de performance et la mise en concurrence des services et établissements, pour accroître leur compétitivité. Cela prend la forme du social business, de l’entreprenariat social ou des contrats à impact social. De cette innovation, nous n’en voulons pas. Ce que nous voulons promouvoir, ce sont ses formes alternatives qui se concrétisent à travers le foisonnement d’initiatives citoyennes que décrit ce livre et qui privilégie l’entraide mutuelle, la transformation sociale et la lutte contre les inégalités.
Jacques Trémintin
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