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Dès 2015, Pierre Faure, économiste de formation, est resté longtemps auprès de sujets périurbains ou ruraux - souvent rencontrés par l’intermédiaire de travailleurs sociaux - avant de les photographier pour qu’on ne les oublie pas, pour apporter des éléments de sensibilisation et de compréhension.
Ses tirages font entrer le visiteur dans les conditions de vie intime de ces personnes pauvres. Elles sont 9,2 millions en France à vivre avec moins de 1 102 euros par mois.
Des clichés magnifiques, tous en noir et blanc, accompagnés de textes, racontent des situations précaires et ce qui a déclenché une perte d’équilibre, propulsé vers le désastre. Les photos dévoilent des tableaux de misère profonde que nos imaginaires n’arrivent plus à se représenter, tant nos technocrates chassent toujours plus loin les personnes vivant dans la pauvreté vers les périphéries. L’expressivité de tous ces tableaux, la sensibilité du regard posé sur les personnes photographiées, nous invitent vraiment à nous emparer de la photo sociale dans nos pratiques professionnelles au quotidien, de manière transversale.

Le spectateur gardera longtemps en mémoire les vies qui lui sont présentées : un routier à la retraite bénéficiaire de l’aide alimentaire ; un éleveur du Pas-de-Calais avec sa mère qui a dû batailler pour pouvoir la garder auprès de lui ; dans le même département, une agricultrice retraitée n’ayant été que très peu déclarée ; en Meurthe-et-Moselle, Loïc, handicapé retraité, vivant des minima sociaux ; un employé agricole travaillant sur trois fermes pour subvenir à un foyer tri-générationnel ; un jeune couple habitant un cabanon sans eau ni électricité, vivant de petits boulots ; Quentin, dans le Nord, avec son père ouvrier agricole et sa famille au milieu d’animaux malades ; Arnaud qui souffre de problème psychiatriques et oscille entre institutions spécialisées et Intérim ; Guy, solitaire dans la ferme familiale, décédé en 2019…
«  Je souhaite par ce témoignage rendre visibles et concrètes les conditions de vie d’une partie de nos compatriotes, explique le photographe. Que des visages se substituent aux statistiques.  ». Depuis 2008, la misère isole 14,8 % de la population française.

Agnès Montagne

France périphérique. La pauvreté en France, témoignage photographique, Pierre Faure - Galerie Fait et Cause,
58 rue Quincampoix, 75004 Paris.
Du 11 mai au 9 juillet 2022.
Du mercredi au samedi de 13 h 30 à 18 h 30
Entrée libre.
Le titre « France Périphérique » est emprunté à l’ouvrage éponyme du géographe Christophe Guilluy qui aborde les problématiques politiques, sociales et culturelles de la France contemporaine sous le prisme du territoire (Éd. Flammarion, 2014).

• Vies majuscules. Autoportrait de la France des périphéries, Lien Social numéro 1289, 2021.

• Ruralité • Pauvres campagnes, Lien Social numéro 1246, 2019.