N° 1190 | Le 1er septembre 2016 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
L’école est accusée d’être inadaptée au contexte économique et sommée de remédier aux difficultés d’insertion des jeunes. À sa mission originelle d’enseigner et d’éduquer se rajoute celle de contribuer à la compétitivité, en transmettant des postures conformes aux exigences des employeurs. Lucie Tanguy décrit ici quatre illustrations de cette injonction. La première a pris la forme du partenariat des établissements scolaires avec le monde économique concrétisé par ces mini-entreprises destinées à développer le sens de la créativité, de la prise de risque et de l’innovation.
Deuxième axe, celui de l’apprentissage qui ne cesse de prendre de l’importance, présenté comme garantie contre le chômage, sans pour autant n’avoir jamais réussi à dépasser l’objectif de 500 000 apprentis avancé en 1993.
Troisième dimension, la décentralisation confiant aux régions le bloc de compétence de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’accompagnement vers l’emploi. Avec pour effet une étroite collaboration avec les entreprises régionales, allant même jusqu’à contraindre certains lycées à répondre aux exigences des industriels locaux pour modifier le cursus de formation, en l’adaptant à leurs besoins.
Enfin, l’Europe n’a cessé d’appuyer des politiques éducatives néo-libérales favorisant le rapprochement avec le monde de l’entreprise. Face à ces orientations, l’auteure s’interroge sur le changement profond qui s’opère devant nous : un école destinée à instruire l’individu, éduquer le citoyen et former l’adaptabilité du travailleur en général est en train de se transformer en une démarche de formatage aux comportements propres à l’efficacité et à la réussite attendues par les employeurs, à l’adaptation au poste de travail qu’il propose et à l’adoption de valeurs propres à l’esprit capitaliste. On est bien loin de l’ambition initiale d’éclairer et de cultiver.
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