N° 1137 | Le 20 mars 2014 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
« Ce qui compte ne peut pas toujours être compté et ce qui peut être compté ne compte pas forcément. » Le paradoxe d’Easterlin illustre fort bien cette affirmation d’Albert Einstein, en démontrant combien l’accroissement des ressources financières améliore le sentiment de bonheur jusqu’à un certain point. Au-delà : plus on s’enrichit moins on a le sentiment d’un progrès de l’existence. Forte de ce constat, Laure Malchair rappelle dans ce petit livre les divers facteurs entrant en compte dans la définition du bonheur. Certes, il est délicat d’établir leur caractère universel et objectif, certains choix ou comportements étant liés non à des préférences, mais à des normes, des habitudes ou des addictions risquant de venir s’interposer entre nos actes et notre conscience.
Pour autant, subvenir à ses besoins, être entouré par des personnes qu’on aime et avoir une vie affective épanouie, vivre dans un environnement sain en bénéficiant d’un accès à la culture et en profitant d’une gouvernance responsable fondée sur la liberté et la démocratie concourent à la satisfaction citoyenne. On est bien loin d’un PIB mesurant l’activité marchande sans en déduire les nuisances et la quantification de la croissance, sans en mesurer la qualité. L’auteure décrit les nombreux indicateurs créés au niveau international pour mesurer la jouissance de la vie : « indice de développement humain », « indicateur de bien-être durable », « bonheur national brut », « indicateurs sociétaux de bien-être »… Loin de vouloir promouvoir l’un contre l’autre, elle préconise leur complémentarité, la nécessaire co-construction démocratique qui doit présider à leur élaboration en associant les acteurs scientifiques et politiques et les populations, ainsi que la dynamique collective d’appropriation.
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