N° 1137 | Le 20 mars 2014 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
L’idéal qui régit notre monde est celui de la richesse, sans que l’on sache toujours bien comment la définir. Son identification est réduite au champ monétaire : est riche celui qui possède beaucoup d’argent. Le PIB (Produit intérieur brut) est identifié à partir de l’efficacité marchande, de la performance concurrentielle et de la rentabilité économique. On n’y intègre jamais ni le bien-être vécu, ni la qualité des relations humaines ou de la santé, pas plus que la vertu écologique, la correction politique, le goût de l’innovation ou la créativité... autant de critères se référant à la notion de satisfaction. Des indicateurs ont été élaborés, leur champ d’application allant au-delà du simple rendement financier. Celui de développement humain, tout d’abord, proposé en 1990 par le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), classant les pays en fonction de l’état de santé, du niveau d’instruction et du revenu moyen de ses habitants.
Mais aussi l’indicateur d’empreinte écologique, l’indice de santé sociale, le baromètre des inégalités et de la pauvreté, l’indice de bonheur national brut, l’indice de progrès véritable, l’indice de bien-être durable, etc. Loin de s’exclure l’une l’autre, toutes les formes de richesse que cherchent à déterminer ces critères se complètent, tant il est vain de tenter de cerner une essence unique et générale à prétention universelle. Contrairement au quotient intellectuel, élaboré par Alfred Binet, qui ne s’appuie que sur une seule forme d’intelligence, là où les psychologues en identifient aujourd’hui onze, la richesse ne se caractérise pas, une bonne fois pour toutes, par un facteur isolé. Tout dépend de l’espace-temps dans lequel on veut la mesurer et de l’usage que l’on veut en faire. On doit donc pouvoir aussi considérer comme riche un pays où les habitants reçoivent et développent leurs capacités d’agir, de donner et de s’adonner.
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