N° 1236 | Le 2 octobre 2018 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
À 18 mois, Gabin ne dit pas « papa », mais son rire infernal, qui peut durer une bonne demi-heure, lézarde les murs. À deux ans et demi, il ne parle toujours pas. « Peut-être n’a-t-il rien à dire ? », commente le pédiatre. À trois ans, Gabin a déjà fait tous les hôpitaux, tous les labos, tous les examens. C’est au bout de dix ans qu’un diagnostic sera posé.
Dans la rue, il ferme tous les volets passant à sa portée. Ses petites voitures, il les aligne méthodiquement sans chercher à les faire rouler. À la librairie du quartier, il classe tous les albums jeunesse par couleur de couverture. À l’école tous les autres élèves semblent différents : c’est bizarre un enfant qui parle ! En moyenne section, il sait sept ou huit mots. En CE2, il n’est scolarisé que un quart d’heure par jour. C’est en sport qu’il excelle : il a appris le ski en fonçant tout droit. Il fait du patin à glace, avec classe. Un matin, encore en pyjama, il a enfilé ses rollers. Gabin a 39° de fièvre : il reste calme et allongé. L’enfant rêvé ! Guéri, il ne reste pas plus de trente seconde à table. Pour le fatiguer, il faut lui faire monter et descendre les escaliers du quartier.
Gabin a 13 ans : il chausse du 44. Et son père ne cesse de l’aimer tel qu’il est. Par petites touches, Laurent Savard nous livre ici un petit bijou de tendresse, de malice et d’humour, en complément du « bal des pompiers », spectacle écrit pour son fils autiste.
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