N° 1148 | Le 2 octobre 2014 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Contrepoint bienvenu au discours dominant et « politiquement correct », voilà un essai qui avance des affirmations qui, pour n’être pas toujours bonnes à dire, n’en sont pas moins nécessaires à entendre. Qu’on ne se méprenne pas : l’auteur, assistant social de métier, n’est pas un des ces abominables phallocrates nostalgiques d’un machisme éculé et/ou d’un patriarcat ébranlé par les revendications féministes. Son propos s’élève contre l’essentialisation de genre qui affuble l’homme et la femme de comportements éternels et naturels. Si le mouvement d’émancipation, qui a agité la gent féminine, a eu pour effet positif de combattre les préjugés sexistes infantilisant et rabaissant les femmes, il a eu pour effet pervers d’en laisser émerger d’autres, diabolisant en tout temps et en toutes circonstances les hommes comme autant d’immondes brutes et de prédateurs sexuels.
Pourquoi la violence conjugale est-elle toujours identifiée comme relevant de la seule et unique responsabilité masculine quand certaines femmes se mettent en ménage avec des compagnons dont elle n’ignore pas le comportement violent ? Pourquoi la séparation de couple, à l’initiative majoritaire des femmes, est-elle toujours considérée moralement et financièrement comme une épreuve pour elles, quand les hommes détruits et privés de leurs enfants sont estimés devant légitimement en assumer les conséquences ? Pourquoi accuser les hommes de toujours vouloir dominer les femmes quand les mères participent pleinement, de génération en génération, à la transmission des schémas sexistes ? Polémiste et iconoclaste, Stéphane Beau le proclame bien haut et bien fort : s’il faut sans hésitation combattre les violences et discriminations faites aux femmes, « on ne combat pas des injustices, en générant d’autres injustices », en transformant tous les hommes en d’inconditionnels bourreaux.
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