N° 1186 | Le 26 mai 2016 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
L’analyse de la pratique : à quoi ça sert ?
Sous la direction de Jeannine Duval-Heraudet
« L’analyse de pratique » est un mot valise désignant de multiples méthodologies. Jeannine Duval-Heraudet présente celle qu’elle anime comme une supervision. La personne accompagnée fait ressentir à l’intervenant la colère, la peur, le rejet, l’abandon, l’impuissance qu’elle ressent. C’est parce qu’il est ainsi touché par des éprouvés et des affects, des émotions, des désirs et des angoisses partagés que l’accompagnateur peut entrer en relation. Prendre des risques face à l’inconnu et à l’imprévu ; être maître ni de la situation, ni de l’autre ; se confronter à sa part de responsabilité et de jouissance : si accepter d’être ainsi bousculé constitue le fondement des métiers de relation humaine, cela n’en provoque pas moins de la déstabilisation.
La supervision constitue un espace-temps permettant justement de s’intéresser aux valeurs, représentations, normes et croyances que les praticiens projettent sur les situations qu’ils ont à résoudre. C’est à partir des hésitations, des oublis, des répétitions dans le récit qu’ils en font et plus particulièrement sur ce qui les dérange, les inquiète et les interroge que la supervision peut s’engager.
Il ne s’agit pas de poser un diagnostic, mais d’apporter des éclairages pour permettre à l’intervenant de mieux ajuster ses positionnements et ses actions. Chaque séance se répartit en quatre temps : reprise des échanges de la rencontre précédente ; présentation orale spontanée car non préparée à l’avance d’une nouvelle situation ; commentaires des écoutants qui laissent libre court à leurs résonances, émotions et associations ; enfin, temps de tissage collectif s’ouvrant sur des questions, des hypothèses et des propositions. Huit professionnels de l’Éducation nationale et de l’éducation spécialisée ont pris la plume pour décrire ici leur participation à ces supervisions.
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