L’enfance, une grande question philosophique

La chasse aux évidences

En interrogeant les certitudes et le sens des mots, la philosophie n’apporte pas de réponses, mais cherche à questionner en laissant parfois ouvertes les portes qu’elle a entrebâillées. Jonglant avec Socrate, Platon, Kant, Nietzche et autres Foucault, Sartre ou Camus, Laurent Bachler malmène bien des évidences, des idées reçues et des prescriptions. Eduquer c’est apprendre à se passer de l’éducateur : comment s’émanciper de tout assujettissement, en vivant dans la contrainte ? Peut-être en ne réduisant pas l’éducation à la seule adaptation au monde, mais à sa transformation. Les librairies regorgent de livres de recettes garantissant aux parents désemparés les solutions à adopter face à leur enfant : comment faire quand ça n’est pas efficace, comme c’est le plus souvent le cas ? Peut-être, en trouvant une troisième voie entre l’illusion de la maîtrise de la situation et le laisser-faire découragé : la créativité et l’inspiration qui permettent de s’adapter, au cas par cas, à un métier de parent qu’on ne peut jamais apprendre avant de l’être. L’usage des mots «  puéril  » suppose que l’adulte est plus vertueux que l’enfant, «  enfantin  » qu’il est plus savant et «  infantile  » qu’il suffit de grandir pour acquérir la sagesse ! Comment renoncer à ce langage dépréciatif ? En reconnaissant la valeur d’autrui quel que soit son âge. Si ce livre déstabilise, c’est qu’il a atteint son objectif.

Jacques Trémintin