N° 1253 | Le 11 juin 2019 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Bardés de prescriptions, cuirassés de dogmes, hérissés de certitudes, les croyants, dont on prophétisait l’irréfragable disparition ou l’interminable agonie, ne connaissent aucune limite à leurs conseils, à leurs réprimandes ni à leurs menaces. À côté de ces fidèles vivant leur foi pour eux-mêmes avec ferveur, voire dans l’exaltation, il y a ce fanatisme, ce dogmatisme et cet obscurantisme qui semblent inhérents à tout culte qui ambitionne de façonner les identités à son image et de faire plier les personnalités aux exigences de sa doctrine et de ses préjugés.
La charge de Joseph Macé-Sacron est violente. Mais est-elle vraiment imméritée ? « Ce n’est pas le croyant, mais la croyance qui m’effraie, ce n’est pas le religieux, la religion qui m’indispose », assène l’auteur (p. 7), reconnaissant à chacun la liberté de croyance du moment qu’il ne cherche pas à l’imposer aux autres.
Égrenant au fil des pages les innombrables exemples de ces religions au nom desquelles on détruit, on écrase et on anéantit, il en vient à défendre que les seules non violentes sont celles mortes ou en voie d’extinction, liquidées par des concurrentes reprenant le flambeau des persécutions dont elles sont à leur tour victimes après en avoir été les auteurs. Si la religion est un droit, l’irreligion en constitue un autre, tout aussi légitime : il n’est pas besoin de se trouver une croyance pour être confronté ou à l’infini.
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