N° 1275 | Le 9 juin 2020 | Critiques de livres (accès libre)
Métier : protéger les enfants
Être juge des enfants, c’est entrer dans l’intimité des familles, croisant le dramatique, le sordide ou le pathétique. Les treize situations que l’auteur nous livre ici sont loin d’être à l’avantage des parents. En commençant par ces familles de la haute société qui ne sont pas exempts de dérives. A l’image de ce couple qui, pour sillonner les continents, n’en est pas moins abandonnique, préférant s’entredéchirer que de s’occuper de son fils ou cet entrepreneur à la tête d’une centaine d’ouvriers faisant régner dans son foyer la même loi qu’à l’usine : sa fille y perdra la vie. Et puis, il y a cette mère obnubilée par le seul souci de faire placer sa fille adolescente. Aussi, cette fratrie de cinq mômes livrés à eux-mêmes, tentant de survivre dans la cave d’une maison forestière, après avoir fui un beau-père violent à qui leur mère prostituée les avait confiés. Mais, ce magistrat qui n’eut que faire des pressions de sa hiérarchie et a toujours entendu les enfants d’abord, puis les parents, avant de faire entrer les éducateurs sait tout autant identifier les complicités exemptes de nocivité. Ainsi, de ces deux adolescents orphelins de mère, voulant protéger leur père alcoolique qu’il laissa en famille, plutôt que de les placer. Ou cette adorable fripouille au visage de gavroche fuguant pour rejoindre sa mère dont il était si éperdument épris. Il est de ces fonctions, dont on ne sort pas indemne.
Jacques Trémintin
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