N° 1198 | Le 5 janvier 2017 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
On dit souvent qu’on ne choisit pas par hasard le métier d’éducateur spécialisé. On chercherait là à réparer en partie son histoire personnelle. Difficile de généraliser. Mais, pour Marie Dumas Mérida, on peut imaginer qu’exercer cette profession en protection de l’enfance ne relève pas de la simple coïncidence. Il suffit pour cela de lire son récit, écrit d’une plume alerte, qui remonte aussi loin que sa mémoire le permet, jusqu’au début de sa majorité.
Il est précieux de recueillir ainsi les souvenirs d’une enfant devenue adulte, ne serait-ce que pour comprendre les mécanismes de la maltraitance psychologique. L’auteure raconte la relation destructrice que sa mère a tissée avec elle, tout en brutalité et en désamour. Toutes les tentatives de l’enfant pour capter l’attention, l’affection et la bienveillance de son parent sont l’une après l’autre vouées à l’échec. Des coups, elle n’en reçoit pas. Par contre, des humiliations répétées, la honte et la culpabilité, elle les a subies toute son enfance, portant ce traumatisme le reste de son existence. Ces souvenirs douloureux l’ont hantée, revenant à la surface à chaque période de fragilité. Ce n’est qu’après le décès de sa mère, que Marie Dumas Mérida a ressenti le besoin d’écrire pour exorciser le malheur et rendre hommage à tous les tuteurs de résilience lui ayant insufflé la force qui lui aura permis de réussir sa vie… malgré tout.
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