N° 1351 | Le 7 décembre 2023 | Critiques de livres (accès libre)
Le chien thérapeute. Moi, Lol, labrador et premier chien d’assistance judiciaire
Frédéric Almendros
On ne sait pas par où prendre ce livre bien étrange pour le chroniquer. « Comment n’y avoir pas pensé avant, tout cela est si évident », se dit-on en le lisant. En même temps, quand on connaît l’inertie de nos institutions, on est même surpris qu’une telle expérience puisse exister.
Chien plus que fidèle
Le modèle est américain et repose sur un postulat assez simple : nous avons tous remarqué que les chiens se révèlent des compagnons fabuleux lorsque nous ne sommes pas très en forme, nous connaissons tous ces chiens formés à accompagner des personnes en situation de handicap, capables de faire traverser leurs maîtres aveugles lorsque le feu est rouge, ou de les aider à se repérer dans la jungle des villes. Nous connaissons bien aussi ces chiens partenaires de la police qui traquent des trafiquants de drogue et beaucoup d’autres produits. Un juge américain a imaginé que le chien, parce qu’il est un ami naturel qui rassure et calme, pouvait devenir un allié dans un tribunal, un allié de la victime. Cette fois, ce n’est pas l’odorat exceptionnel, l’instinct inouï ou le dévouement unique du chien que l’on a reconnu mais sa capacité à l’empathie… oui, paradoxalement, dans un tribunal, un chien peut être l’être le plus doué d’humanité dans un monde qui en manque.
L’auteur, ancien Procureur de la République à Cahors - fonction qu’il occupe aujourd’hui à Aurillac - fait parler Lol, un chien d’assistance au tribunal (CAT).
Des chiens formés
Dans un premier temps, nous découvrons un parcours semé d’embûches qui ne s’est pas mis en place du jour au lendemain. Maître et chien se sont acharnés et ont surmonté toutes les oppositions. Quels dangers pour le tribunal, pour la victime, pour l’accusé ? Peut-on réellement contrôler un animal ? Quel danger pour le chien face à la violence potentielle d’un prévenu ou d’une victime qui craque ? Bien sûr, toutes les races de chiens ne sont pas adaptées à un tel « métier ». Il faut des animaux calmes, obéissants, doux. Très tôt ils doivent être formés, changer de propriétaire pour éviter un attachement sentimental trop fort et apprendre les « commandes » (une cinquantaine) spécifiques à leur activité future.
L’auteur nous présente ensuite plusieurs expériences où la présence d’un CAT a montré son efficacité.
Soutien de l’enfant
Je retiendrai surtout ces enfants victimes d’inceste qui doivent parler devant des adultes qui ont la conscience terrible de tenir le destin d’un parent dans les paroles qu’ils vont dire, cette angoisse insupportable entre l’amour et la haine, la peur et le besoin d’aimer. Là, précisément, le chien devient une sorte d’intermédiaire entre l’enfant et les adultes. Tous deux se sont apprivoisés lors de séances chez le juge. La victime connait le chien et de son côté, par cet instinct incroyable, le CAT perçoit les failles du gamin. Lors du procès, l’enfant caresse l’animal, le serre, l’embrasse, lui parle et le chien sait comment il doit réagir pour aider à l’accouchement de la vérité.
Étienne Liebig
L’auteur
Frédéric Almendros a développé la Convention d’accompagnement des victimes et de l’enfance par le Chien, lorsqu’il était procureur de la République à Cahors (Lot) en partenariat avec l’association Handi’chiens.
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