N° 782 | Le 26 janvier 2006 | Katia Rouff | Critiques de livres (accès libre)

Les Restos du cœur 1985-2005

Témoignages recueillis et rédigés par Valérie Péronnet


éd. J’ai Lu, 2005 (222 p. ; 4,50 €) | Commander ce livre

Thème : Exclusion

« S’il y a des gens qui sont intéressés pour sponsoriser une cantine gratuite qu’on commencerait par faire à Paris et puis qu’on étalerait dans les grandes villes de France, nous, on est prêts à aider une entreprise comme ça, qui ferait un resto qui aurait comme ambition de faire deux à trois mille repas par jour gratuitement », lançait Coluche en 1985 sur les ondes d’Europe 1. Jean-Jacques Goldman compose la chanson

Aujourd’hui, on n’a plus le droit…, les télés relaient l’appel de Coluche, les partis politiques le soutiennent, les étudiants en école de commerce et d’anciens hauts fonctionnaires apportent leur aide pour la gestion, les bénévoles affluent. En 1986, Coluche se rend au Parlement européen pour réclamer l’ouverture des stocks de la communauté européenne. Il fait élaborer un projet de loi – qui sera votée en 1988 – ouvrant droit au crédit d’impôts pour les petits donateurs. La première année, 5000 bénévoles distribuent 8,5 millions de repas. Après la mort de l’artiste en juin 1986, ses amis et les bénévoles continuent l’aventure.

L’ouvrage retrace ces vingt ans de bataille et d’énergie collective, l’augmentation spectaculaire de la précarité, les solutions mises en place par les équipes au fur et à mesure pour répondre aux nouveaux besoins des bénéficiaires : Toits du cœur pour l’hébergement, ateliers et Jardins du cœur pour l’insertion professionnelle, ouverture d’une maison de vacances, des relais bébés, d’une pension de famille, de résidences sociales, mise en place d’ateliers pour personnes illettrées…

Des témoignages : proches de l’artiste, bénéficiaires, bénévoles, bénévoles/bénéficiaires, anciens ministres… viennent compléter l’ouvrage. Parfois drôles, parfois tragiques, toujours touchants. Pour Henri Nallet, ministre de l’agriculture en 1985, « ça fait longtemps que Coluche s’est mis en colère, et on n’a toujours pas éradiqué la pauvreté. Il faut bien le reconnaître : les Restos, c’est la manifestation concrète d’un échec collectif. Mais c’est aussi quelque chose qui nous empêche de désespérer de la nature humaine ». En 2004-2005, l’association a accueilli 630 000 personnes.


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