N° 1011 | Le 24 mars 2011 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Les cinq chapitres qui constituent l’ouvrage se présentent sur le même modèle : parole est d’abord donnée à soixante adolescents, à chaque fois sur un thème précis (les apparences, les sentiments, les études…) ; puis, c’est au tour de Marie-Rose Moro, directrice de La Maison de Solenn, maison des adolescents de Cochin, d’apporter ses commentaires. Avec tact et précision, elle propose à ses lecteurs une synthèse de ce que l’on sait de cette classe d’âge, championne des publications didactiques.
Si chaque adolescent est unique, son tempérament étant constitué par la combinaison d’un certain nombre de composantes biologiques, psychologiques, génétiques et transgénérationnelles qui se modifient au contact de l’environnement, l’on peut néanmoins retrouver un certain nombre de constantes.
L’adolescence est une catégorie sociale et anthropologique inventée par l’Occident qui reflète autant les symptômes de la crise du milieu de vie des parents, que les manifestations hormonales et psychiques d’une puberté qui bouscule les comportements. C’est un moment de la vie marqué par le paradoxe que constituent à la fois l’éloignement de la famille et l’hyper sensibilité au regard et à l’intérêt que portent les adultes. C’est l’étape de la socialisation du petit d’homme qui privilégie le groupe de pairs servant à expérimenter à l’extérieur toutes les gammes de sentiments déjà vécus à l’intérieur de la famille : tendresse, amour, peine, violence, ambivalence. C’est le temps des passions qui se sont toujours déclinées en fonction des modes de l’époque. Aux activités sportives, au goût pour la musique, se rajoute l’attrait contemporain pour l’informatique et les jeux vidéos, les uns et les autres étant souvent consommés intensément et sans modération.
Mais c’est là aussi un carburant précieux donnant force et désir pour construire son avenir. On connaît donc, à peu près, le mode de fonctionnement de cette classe d’âge. Ce qui n’empêche pas l’inquiétude, voire le désarroi des adultes en recherche de la bonne attitude à adopter.
Marie-Rose Moro s’inscrit dans un discours récurrent : les parents sont là pour donner à la fois confiance à leurs enfants et leur imposer des limites. L’autorité est un préalable à l’empathie, la bienveillance et la compréhension. La frustration est éducative, constructive et nécessaire. Il faut commencer par dire non, pour ensuite essayer de comprendre. Le message commence à passer. Il est loin encore d’avoir convaincu tout le monde, bien des parents restant prisonniers d’une société qui idéalise la jeunesse.
Mais ce qui manque cruellement, c’est le mode d’emploi. Et pas sûr, qu’on ne le trouve jamais ! Lire des dizaines d’ouvrages sur l’adolescence ne dispensera pas d’avoir à se confronter à sa propre progéniture et ce n’est pas là, le plus facile.
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