N° 1011 | Le 24 mars 2011 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Peut-on encore s’élever contre les débordements religieux à l’hôpital, sans être accusé de faire preuve d’islamophobie primaire ? L’ouvrage d’Isabelle Lévy le démontre avec brio. Parce qu’elle s’attaque non aux religions, mais bien aux outrances de certains de leurs pratiquants. Parce qu’elle utilise sa profonde connaissance des différents rites, pour démontrer qu’aucun culte ne place le moindre précepte avant la sauvegarde de la vie humaine. Parce qu’elle revendique la présence d’aumôniers multiconfessionnels dans les établissements sanitaires, comme le prévoit la loi, non pour l’exercice d’un quelconque prosélytisme mais pour répondre aux demandes privées des malades et servir de médiateurs.
Une fois ces principes posés, Isabelle Levy dénonce sans complaisance les dérives qu’elle estime insupportables. Pas une seule confession n’est épargnée. Inacceptables, cette religieuse catholique victime d’hémorragie déniant l’intervention d’un gynécologue homme ou ce prêtre récusant une infirmière chargée de le laver. Intolérables, ce couple juif refusant le biberon de lait pour son nouveau né parce que celui-ci n’est pas casher, obligeant à le perfuser, ou cette patiente excluant d’utiliser un ascenseur le jour du Shabbat, contraignant les infirmiers à faire transiter son lit par les escaliers.
Irrecevables, cette femme musulmane n’acceptant pas de retirer son gant pour se faire soigner d’un panaris ou d’enlever son voile pour se faire examiner une otite ou ce mari interdisant à tout personnel masculin d’entrer dans la chambre de son épouse en son absence. Inadmissibles, cette infirmière faisant sa prière et cette autre se rendant à la messe pendant leur service. Respect des croyances des patients dans un cadre privé et stricte neutralité du personnel devant laisser sa religion au vestiaire, des règles de base à rappeler pour l’ensemble du service public.
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