N° 1256 | Le 3 septembre 2019 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Du primaire aux classes du supérieur, un tiers des élèves font appel au soutien scolaire, à un moment ou à un autre de leur parcours. Mais, si les uns tentent de combler leurs lacunes et de sortir la tête de l’eau, les autres y ont recours pour atteindre cette excellence qui leur permettra d’intégrer des filières prestigieuses.
Face aux cours, donnés pour 80 % au noir par des étudiants et des enseignants en activité ou en retraite, un secteur marchand s’est développé, dominé par de grosses entreprises spécialisées à l’échelle nationale. Intervention régulière ou stage intensif pendant les vacances, coaching portant sur la méthodologie et la confiance en soi ou téléassistance sont les versions modernes des répétiteurs, entraîneurs ou précepteurs des temps anciens.
S’inscrivant dans une logique non de substitution mais de complémentarité et de consolidation des apprentissages, l’expansion du soutien scolaire renforce la mutation que connaît l’école, depuis les années 1970-1980. Cette institution n’est plus tant un lieu de socialisation et d’appropriation du savoir qu’un espace utilitariste où l’on acquiert un capital sous forme de diplômes valorisables sur le marché du travail. Ce n’est plus la compétition scolaire, jugée responsable de l’échec, mais les carences du développement personnel que les familles tentent de compenser, en finançant de l’aide pour leurs enfants.
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