N° 665 | Le 8 mai 2003 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Jean-Marie Petitclerc nous avait déjà proposé en 2001 un ouvrage [Les nouvelles délinquances des jeunes – Violences urbaines et réponses éducatives] qui se répartissait en égale proportion entre une étude tout à fait intéressante et une auto-promotion de l’association qu’il dirige. Il récidive ici, selon la même méthode : une première partie consacrée à des réflexions fort pertinentes et dans un second temps, la présentation de l’institut de formation aux métiers de la ville qu’il dirige aussi. Tant qu’à être un publiciste brillant qui dit des choses intelligentes, autant en profiter pour passer une page de pub ! Après tout, pourquoi pas.
Mais revenons à la partie la plus intéressante de cet ouvrage. Les quartiers à problèmes qui sont passés, selon les renseignements généraux, de 485 en 1993 à 818 en 1998, n’ont pas toujours été stigmatisés. Comme le fait remarquer avec pertinence l’auteur, ils sont nés, après guerre, de la volonté politique de résorber les logements détruits et la vétusté de ceux qui subsistaient. On va construire ainsi 2,2 millions d’unités sans grand soin d’abord, puis en respectant un peu mieux le cadre de vie. C’était là l’idée que l’on se faisait, à l’époque, du progrès et de la modernité.
Aujourd’hui, 8 500 000 personnes vivent dans près d’un millier de ces quartiers. En une génération, la vie s’y est dégradée. Hébergeant les salariés des grandes industries toutes proches, la restructuration de l’économie et la montée du chômage les ont transformés en territoire de l’exclusion. La première réponse donnée l’a été en matière d’urbanisme. Puis, on a tenté d’y résorber le chômage (deux fois plus élevé qu’ailleurs). Mais, pour Jean-Marie Petitclerc, le problème central est celui de l’éducation et du lien social.
Pour autant, la seule prévention ne suffit pas, surtout si on ne réfléchit pas parallèlement à l’affinement des modes de réaction face à la montée de la délinquance. Lorsque, 16 ans après le début de la crise, la violence flambe à Chanteloup les Vignes, son maire Pierre Cardo lui demande d’intervenir. Il lance l’expérience des messagers. Cette initiative préfigurera ce qui deviendra quelques années plus tard les « emplois d’utilité sociale », puis les « agents locaux de médiation sociale » qui prendront place parmi les nombreux emplois jeunes intervenant soit dans les transports en commun, soit au c ?ur des cités. Il s’agit là d’un nouveau métier qui s’appuie plus sur le savoir-être que sur la qualification acquise par un diplôme. Pour autant, la qualité de l’intervention dépend en grande partie de la formation.
C’est donc très naturellement, que l’auteur a créé son institut qui propose des modules sur la problématique des quartiers sensibles, la citoyenneté, la gestion du stress ou de la violence, les techniques de médiation, l’animation de rue ou encore la relecture des pratiques.
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