N° 1114-1115 | Le 18 juillet 2013 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Le médical ne peut ignorer le social, tout comme le social ne peut se couper du médical. C’est à cette interdépendance qu’est consacré ce numéro du Sociographe qui se focalise plus particulièrement sur la question de la santé mentale. Une nette évolution est observée depuis quelques décennies, constate-t-il.
C’est, tout d’abord, l’articulation entre d’un côté la prise en charge de la crise aiguë et des soins actifs confiés aux équipes psychiatriques et, de l’autre, la réhabilitation du handicap psychique déléguée au secteur médico-social.
Ce sont, ensuite, tant ces assistantes sociales et ces éducateurs de plus en plus présents aux côtés des professionnels du champ sanitaire que ces psychiatres tout aussi fréquemment sollicités pour intervenir au sein des institutions médico-sociales. Dès lors, se pose la question des modalités d’intégration de cette collaboration qui doit pouvoir se réaliser, en évitant toutefois la fongibilité de ces fonctions qui pour être complémentaires, n’en sont pas moins distinctes. « Les uns et les autres doivent, pour être opérationnels et pertinents, connaître ce qui est du savoir de l’autre et pour autant accepter un modèle d’intervention différent » (p.23).
La psychiatrie a cela de spécifique que, partant des symptômes rencontrés, elle essaie d’identifier le squelette mental auquel ils se rattachent (mode de fonctionnement psychotique, névrotique, anaclitique ou pervers) et la combinaison des soins la plus appropriée (entre le recours aux médicaments, à la psychothérapie et aux interventions psychosociales et/ou éducatives).
Quant à l’action des travailleurs sociaux, elle n’ambitionne pas de lutter directement contre la souffrance psychique, qui reste du domaine médical, mais de s’attaquer à leurs causes et conséquences sociales (isolement, solitude, fragilisation ou rupture du lien social, impossibilité de trouver sa place dans la société…). Les professionnels de ces deux champs d’intervention concourent bien à la prise en charge de la même personne présentant des troubles mentaux. Pourtant, non seulement ils ne se réfèrent pas aux mêmes connaissances, mais en outre ils ignorent celles utilisées par leurs voisins d’en face. Thérapeutes et travailleurs sociaux collaborent selon trois modalités : travailler côte à côte dans la même équipe, agir de manière conjointe de leur place respective ou œuvrer ensemble de façon séquentielle.
Le Sociographe fait une large place aux expérimentations existantes. Que ce soit l’Agora, créé en 1983 dans la région lilloise, CHRS dédié exclusivement aux personnes avec handicap psychique, ou les équipes mobiles psychiatrie précarité qui émergent dans en 1996 ou encore les Samsah (service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés) conçus en 2005 avec comme mission le maintien à domicile, permis par l’accompagnement social et médical.
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