N° 1139 | Le 17 avril 2014 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Coups de gueule ou intermède poétique ? Billet d’humeur ou réflexion plus profonde ? Commentaires lapidaires ou analyses incisives ? Recueil de textes ou album de photographies ?
On ne sait comment qualifier ce nouvel ouvrage de Laurent Ott, tant il est tout cela à la fois. Puisant au cœur de l’action quotidienne de l’association Intermèdes Robinson qu’il anime avec d’autres depuis des années, l’auteur nous propose un regard lucide sur le monde comme il va et surtout comme il ne va pas. Alors que les exhortations à refonder nos pratiques sociales reviennent comme un leitmotiv, une seule constante perdure : il n’y a que dans l’abolition de la distance avec nos publics que nous pourrons inventer le social de demain.
A l’heure de la gouvernance, du management et du pilotage de projet, nous rendons de plus en plus compte de ce que nous faisons de moins en moins. La pédagogie sociale qui remplace la peur par la confiance, s’empare des lieux pour créer des liens et des liens pour créer des lieux. Elle part des enfants pour se tourner vers les parents, des espaces vides et abandonnés pour briser l’enfermement, de l’affectif pour aller vers le social et du collectif pour toucher l’individuel, privilégiant le « rase-mottes », le pied des tours et la présence au coeur du quartier.
Ce qui compte, avant tout, c’est la relation. C’est elle qui devient objet de création, en elle-même. Alors même que dans le social, l’éducatif ou à l’école, personne ne semble plus croire en ce qu’il fait, l’auteur rappelle que ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous ne les faisons pas, c’est parce que nous ne les faisons pas qu’elles sont difficiles. Prenons le contre-pied d’une plainte lancinante. C’est parce que nous n’avons pas de lieu que nous pouvons accueillir et pas de temps que nous pouvons durer. Jamais nous ne soldons ni les rêves ni les désirs, nous faisons juste un peu de possible.
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