N° 1229 | Le 15 mai 2018 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Le journaliste britannique Gary Younge nous propose la photographie instantanée du samedi 23 novembre 2013 aux États-Unis. Pourquoi cette journée ? Parce qu’elle fut marquée par la mort par balle, de dix enfants et adolescents. Sept étaient noirs, deux hispaniques, et un blanc. La chronologie est lugubre. 1h00 : Gary (18 ans). 3h13 : Kenneth (19 ans). 3h30 : Gustin (18 ans). 4h17 : Stanley (17 ans). 7h36 : Jaiden (9 ans). 16h22 : Pedro (18 ans). 19h15 : Edwin (16 ans). 20h19 : Tyler (11 ans). 23h00 : Samuel (16 ans). 23h05 : Tyshon (18 ans).
Qu’ils aient été victimes d’un membre de leur famille ou de la guerre des gangs, qu’ils aient été tués par une balle perdue ou à la place d’un autre garçon, qu’ils aient perdu la vie dans une fusillade ou en jouant avec des armes à feu, ces enfants appartiennent à un pays où ils ont dix sept fois plus de risques de mourir d’une balle que leurs congénères des pays à hauts revenus. Pour un tir justifié, il y a quatre tirs involontaires, sept attaques criminelles ou homicides et onze suicides.
Le deuxième amendement de la Constitution américaine légalisant l’existence de soldats-citoyens achetant eux-mêmes leur arme et la stockant chez eux a été votée en 1791. Quand l’armée régulière a pris le relais des milices, cet amendement a perdu son sens. Face aux puissants lobbys qui le défendent, la liberté de porter des armes percute la liberté de savoir ses enfants en sécurité.
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