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🖋 Autoportrait de travailleur social ‱ FrĂ©dĂ©ric Maignan, formateur indĂ©pendant en travail social

« En collaboration avec plusieurs collĂšgues, nous avons coconstruit une action collective avec des personnes accompagnĂ©es qui souhaitaient favoriser l’accĂšs aux loisirs et Ă  la culture pour tous, spĂ©cifiquement pour les personnes qui en sont Ă©loignĂ©es »


Quel mot associez-vous spontanĂ©ment au travail social ?

Altérité.


Pour quelles raisons avez-vous choisi votre mĂ©tier ?

Lorsque j’étais adolescent, je souhaitais devenir professeur d’anglais. DĂ©couvrir une langue Ă©trangĂšre favorisait une ouverture culturelle et surtout me permettait de dĂ©crypter les paroles de mes groupes de rock prĂ©fĂ©rĂ©s. Enseigner correspondait Ă©galement Ă  ma volontĂ© de transmettre, Ă©changer, partager... AprĂšs trois annĂ©es en facultĂ© d’anglais et neuf mois passĂ©s Ă  Londres comme barman dans un pub, les compĂ©tences acquises Ă©taient beaucoup plus orientĂ©es vers la connaissance de l’Autre, de moi-mĂȘme et vers l’autonomisation, que vers la littĂ©rature anglaise...
À l’instar de Romain Duris dans le film L’auberge espagnole, ce voyage initiatique m’a permis d’élaborer un nouveau projet professionnel dĂ©sormais orientĂ© vers la relation d’aide. La formation au DiplĂŽme d’État d’assistant de service social (DEASS) Ă  l’École Normale Sociale (ENS) de Paris est venue me confirmer la richesse de ce mĂ©tier que j’ai exercĂ© en polyvalence de secteur pendant vingt ans. Toujours animĂ© par la volontĂ© de transmettre, j’ai accompagnĂ© des Ă©tudiants assistants de service social chaque annĂ©e. J’adorais cette relation pĂ©dagogique qui favorisait aussi la rĂ©flexivitĂ©.
C’est pourquoi j’ai souhaitĂ© effectuer la formation de formateur terrain afin d’assimiler la rĂ©forme du diplĂŽme de 2004 dont les diffĂ©rents rĂ©fĂ©rentiels et les vocables issus du monde de l’entreprise venaient bousculer ma pratique professionnelle, voire questionner ma lĂ©gitimitĂ© Ă  transmettre. Cette formation m’a permis de mettre Ă  plat ma mĂ©thodologie d’intervention et de mutualiser des pratiques d’accompagnement. ParallĂšlement, j’effectuais quelques interventions au centre de formation des travailleurs sociaux qui venaient conforter inexorablement mon intĂ©rĂȘt pour cette fonction pĂ©dagogique. AprĂšs l’obtention du DiplĂŽme d’État en IngĂ©nierie sociale en 2017, j’ai souhaitĂ© me lancer dans la formation des travailleurs sociaux avec un statut d’indĂ©pendant. Aujourd’hui, cette activitĂ© rĂ©cente est en cours de dĂ©veloppement en Loire-Atlantique. J’interviens principalement au sein d’un centre de formation rĂ©gional en travail social et de deux universitĂ©s. J’anime des TD et des cours magistraux dans diffĂ©rents domaines de compĂ©tences.


Quelle formation avez-vous suivie ?

AprĂšs un DEUG d’anglais, j’ai effectuĂ© la formation d’assistant de service social puis celle de formateur terrain et enfin j’ai dĂ©crochĂ© un DiplĂŽme d’État d’ingĂ©nierie sociale (DEIS) couplĂ© Ă  un master 2 en conseil et dĂ©veloppement des interventions sociales.


Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?

En collaboration avec plusieurs collĂšgues, nous avons coconstruit une action collective avec des personnes accompagnĂ©es qui souhaitaient favoriser l’accĂšs aux loisirs et Ă  la culture pour tous, spĂ©cifiquement pour les personnes qui en sont Ă©loignĂ©es. AprĂšs deux annĂ©es de rencontres rĂ©guliĂšres et l’organisation d’un temps fort rĂ©unissant l’ensemble des acteurs culturels et sociaux, venant confirmer l’intĂ©rĂȘt d’une telle initiative, nous avons souhaitĂ© crĂ©er l’association Culture Loisirs Art ProximitĂ© (CLAP) qui reprend les objectifs initiaux. Malheureusement, le contexte sanitaire n’a pas permis de faire vivre le projet comme nous le souhaitions. Mais nous espĂ©rons poursuivre cette aventure qui m’engage dĂ©sormais Ă  titre personnel mais qui reste mon meilleur souvenir professionnel.


Le pire ?

Le mĂ©tier d’assistant(e) de service social nĂ©cessite une pratique quotidienne des Ă©crits professionnels. Ces Ă©crits sont nombreux et variĂ©s et de multiples enjeux en dĂ©coulent, notamment en termes de loyautĂ©, de responsabilitĂ© entre l’auteur et la personne accompagnĂ©e. Philippe Crognier parle Ă©galement du nĂ©cessaire « dialogue interne ». Ces enjeux, lorsqu’ils ne sont pas conscientisĂ©s, peuvent phagocyter notre pratique. Par exemple, il m’était difficile de produire un Ă©crit concernant une situation qui Ă©voluait constamment alors qu’un dĂ©lai court Ă©tait exigĂ©. Il m’a fallu plusieurs annĂ©es pour repĂ©rer cette difficultĂ© qui mettait en tension l’accompagnement et l’évaluation. Une formation aux Ă©crits professionnels m’a permis d’en prendre conscience et d’adapter ma pratique notamment en privilĂ©giant la co-Ă©criture avec les personnes accompagnĂ©es.


Quel est votre livre de chevet ?

Actuellement je lis deux ouvrages. Le premier s’intitule Dialogue sur le gĂ©nie du travail social de Dominique Depenne, Martine Trapon et Michel ChauviĂšre (ESF Ă©diteur, 2018). Ils abordent ensemble l’évolution du travail social et ses enjeux pour les professionnels et les personnes accompagnĂ©es. Le second, Comprendre et maĂźtriser les excĂšs de la sociĂ©tĂ© numĂ©rique de Didier Dubasque (Presses de l’EHESP, 2019), offre une sensibilisation aux enjeux du numĂ©rique qui concernent toutes les franges de la population, notamment les plus vulnĂ©rables et donc les personnes accompagnĂ©es par les travailleurs sociaux. Un sujet qui m’intĂ©resse particuliĂšrement en tant que formateur en travail social.




Retrouvez les précédents autoportraits

🖋 Murielle A., Ă©ducatrice spĂ©cialisĂ©e en centre d’hĂ©bergement et de rĂ©insertion sociale (CHRS)

🖋 Thierry Trontin, co-gĂ©rant de la SCOP Voyageurs-Éducateurs et d’un lieu de vie et d’accueil

🖋 Laurence, rĂ©fĂ©rente de parcours du Programme de rĂ©ussite Ă©ducative

🖋 Romain Dutter, ex-coordinateur culturel au centre pĂ©nitentiaire de Fresnes

🖋 Yazid Kherfi, mĂ©diateur tout terrain

🖋 Claude, assistante de service social en polyvalence de secteur

🖋 Patrick Norynberg, formateur consultant en politique publique, cofondateur et prĂ©sident de la RĂ©gie de quartier du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis)

🖋 Émilie Philippe, Ă©ducatrice de jeunes enfants, membre du collectif Pas de bĂ©bĂ©s Ă  la consigne depuis sa crĂ©ation en 2009.

🖋 Florent GuĂ©guen, directeur de la FĂ©dĂ©ration des acteurs de la solidaritĂ© (FAS)

🖋 LĂ©a Turchi, assistante de service social, coordinatrice Ă  la mission interface au Samusocial de Paris

🖋 Sadek Deghima, chef de service d’un club de prĂ©vention spĂ©cialisĂ©e

🖋 Lucile Bourgain, monitrice-Ă©ducatrice

🖋 Tristan Montaclair-Le Foulgoc, Ă©ducateur de jeunes enfants qui travaille avec des adolescents

🖋 Cristel Choffel, conseillĂšre technique de service social

🖋 Driss Blal, Ă©ducateur spĂ©cialisĂ©, chef de projet au cƓur d’un dispositif mis en place par un collectif d’habitants originaires du quartier populaire oĂč il a grandi Tarbes (Hautes-PyrĂ©nĂ©es)

🖋 Laure, assistante de service social en service spĂ©cialisĂ© « Familles »

🖋 Vince, l’éduc spĂ©cial, agitateur spĂ©cialisĂ©, dessinateur, chroniqueur, auteur, et accessoirement chef de service Ă©ducatif...

🖋 Julie (1), 33 ans, cheffe de service dans une structure accompagnant des mineurs isolĂ©s Ă©trangers

🖋 Carlos Lopez, Ă©ducateur Ă  la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) depuis 1999

🖋 Charline Olivier, intervenante sociale en gendarmerie

🖋 Antonio ArgĂŒelles BalletbĂł, Ă©ducateur dans un centre rĂ©sidentiel d’action Ă©ducative (1) des Filles de la CharitĂ©, Fondation sociale Ă  Barcelone (Espagne)

🖋 Sylvie Kowalczuk assistante de service social en polyvalence, formatrice occasionnelle, auteur


Vous ĂȘtes tentĂ©s par l’exercice d’autoportrait de travailleur social ? Vous souhaitez partager votre expĂ©rience ? N’hĂ©sitez Ă  nous contacter Ă  l’adresse suivante : katia.rouff@lien-social.com