N° 780 | Le 12 janvier 2006 | Patricia Delage | Critiques de livres (accès libre)
Petit ouvrage, « J’ai de la chance, mes rêves bleus », est le journal de Laurence, handicapée. Livre écrit à la première personne, patiemment, à l’aide d’un ordinateur et dont la force réside dans le caractère très personnel et naturel de l’écriture. Sa chance à Laurence, titre quelque peu provocateur évidemment, est d’être bien entourée par une famille soudée et aimante. Laurence nous fait part de ses réactions face aux nombreux deuils familiaux auxquels elle est confrontée (quatre en un an), ses craintes, ses vacances, sa douleur de ne pouvoir un jour être maman… Elle nous fait partager son quotidien en famille et dans le foyer d’accueil médicalisé où elle vit.
Sans pathos, sans exhibitionnisme, sans recherche de sensationnalisme, mais avec simplicité et beaucoup de sincérité, elle nous fait suivre sa progression, ses séances de kiné., ses espoirs, ses copains et copines, ses activités en ateliers et ses voyages. Elle fait preuve surtout de réflexion et d’une grande lucidité face à son handicap et à celui des autres personnes du foyer dont elle nous dresse le portrait : « Nous sommes en 2001 et il y a encore des gens qui ne comprennent pas qu’on peut être contraint de vivre ainsi (… en fauteuil roulant…) et qu’on n’en est pas pour autant respectable ? Est-ce de l’ignorance, de la peur, de la méchanceté… ou de la bêtise ? » Il y a une vie lorsqu‘on est lourdement handicapé comme Laurence Calmettes. Ce petit livre est une forme de cri, cri de vie et de victoire.
Ces quelques pages sont à lire comme un témoignage de la volonté à repousser les limites du handicap pour s’exprimer par l’écriture.
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