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• Portrait : À la rencontre d’anciens enfants placés - Malik
Lucile Barbery, ancienne éducatrice spécialisée de l’aide sociale à l’enfance devenue photographe, est allée à la rencontre des premiers concernés par la protection de l’enfance : les enfants placés devenus adultes.
« Ils ont des choses à nous dire : Qu’est-ce qui les a tenus ? A quoi se sont-ils accrochés ? Quels ont été les obstacles rencontrés ? La violence n’est jamais bien loin, du petit acte d’apparence anodine aux faits les plus intolérables. Ils se sont majoritairement tus. Aujourd’hui, Leurs voix s’élèvent, se rejoignent. Tout en nuances et finesse. Aujourd’hui ils nous font don de leur savoir, de leur expérience, d’une part de leur vie », explique-t-elle.
Elle a rencontré une vingtaine de personnes*, les a photographiées dans un lieu de leur choix, « un lieu signifiant pour elles ». Elle a écouté leur récit de l’adulte qu’elles étaient devenues, leur regard sur la protection de l’enfance, leur témoignage a été écrit avec les personnes et elles lui ont confié une photo d’elles prise durant le placement. Après six premiers portraits publiés au début du printemps, nous clôturons cette deuxième série de portrait avec celui de Malik.
* Les prénoms ont été modifiés.
MALIK
- Malik, 23 ans, parc de Parilly à Bron (69). (c)Lucile Barbery
Je suis arrivé à 16 ans du Cameroun. Je ne connaissais personne. A la sortie de la gare, un « renoi » m’a conseillé Forum réfugié. J’avais du mal à m’intégrer. Une assistante sociale m’a pris en charge, quand elle a déménagé je suis allé l’aider, je me suis dit : « qu’est-ce que je pourrai faire pour elle, pour la récompenser de tout ce qu’elle a fait pour moi ? » Ils m’ont beaucoup aidé, beaucoup soutenu. L’accueil des mineurs étrangers en France, c’est la possibilité pour tous de s’en sortir dans la vie. On a des assistants pour l’école, pour les démarches, comme des parents quoi. Grâce à eux, si je deviens n’importe quoi dans ma vie, j’aurai au moins appris des choses. Il faut être fort. J’aurai pu partir en couille.
Après l’hôtel, j’ai été dans un foyer jeunes travailleurs. Il y a plein de choses qui se passent au foyer, les éducs ils ne sont pas au courant. T’es confronté a pas mal de choses, la drogue notamment, si t’es pas fort tu te laisses embarquer. Si j’ai des gosses, je ne les envoie pas en foyer. Le foyer c’était la prise de la réflexion. J’ai acquis de la maturité grave. Je ne compte sur personne. Je me sens autonome. Ils ont été fiers de moi aussi. J’ai toujours gardé la tête haute, cru en moi, en la foi. Si je crois, je peux y arriver, c’est ce qui fait ma première force.
Je suis peintre en bâtiment, avant je voulais être dans l’art, dessiner les portraits des gens. Je suis touche à tout. J’aime le sport, ça me sert à évacuer beaucoup de choses dans ma tête. J’ai été bénévole, entraineur de foot avec les enfants, j’ai appris beaucoup de choses. J’aime la tranquillité, rester seul dans mon coin. J’aimerai une vie de famille mais le moment n’est pas encore venu. Être comme tout le monde
- Malik à 16 ans. (c) DR
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