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« Être adoptée fait partie de mon identité !  » Amandine Gay répondait ainsi à une femme qui, lors d’un débat, lui lançait : «  mais enfin l’adoption n’est pas une identité !   ». La jeune femme, née sous X au début des années quatre-vingt, le revendique : la question de l’adoption est politique. Son nouveau documentaire, Une histoire à soi, le prouve en retraçant le parcours de cinq personnes arrivées bébés en France via l’adoption internationale. Il interroge les questions d’inégalités Nord/Sud, de classes, d’histoires intimes et collectives.

Leurs archives – vidéos, photos, papiers… – racon­tent leurs enfances, leur construction dans une société majoritairement blanche alors qu’elles viennent du Brésil, Rwanda, Corée, Sri Lanka, Australie. Elles révèlent leurs questionnements qui, immanquablement, s’attachent à leurs origines. «  On n’est pas une coquille vide qui arrive   », avance Nicolas qui «  a fait taire le petit Rwandais  » pour répondre à l’attente de ses parents adoptifs.

«  L’adoption est une usine à fantasmes   », appuie Mathieu qui passera du petit ange brésilien au démon pour pousser ses parents adoptifs à bout, tester leurs limites, vérifier s’il ne risque pas un nouvel abandon.
Le choix du film d’archives souligne la difficulté de ces quêtes personnelles pour ces adultes qui n’ont parfois aucune trace de leur famille originelle quand ils débordent d’images prises par leurs parents adoptifs. «  La forme fait écho à un des enjeux centraux dans la vie des personnes adoptées  », souligne Amandine Gay qui gagne le pari risqué de rendre visibles des personnes qu’elle ne montre jamais face caméra. Comme dans son premier film Ouvrir la voix qui donnait la parole à vingt-quatre femmes afro-descendantes francophones, son deuxième film s’applique à déconstruire les préjugés. Pour elle, «  la réappropriation de la narration est un acte d’émancipation   ».

Une histoire à soi, Amandine Gay, 1 h 40
Sortie en salles le 23  juin