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► LE BILLET de La Plume Noire • Scènes de la vie ordinaire en maison d’enfants à caractère social
À la sortie de l’école, Blessed, âgée de 3 ans et demi, montre de nombreux signes
d’agitation : elle s’énerve rapidement, crie, embête ses pairs et surtout s’autorise à ne pas respecter les consignes qui lui sont adressées par Brigitte Poulette, éducatrice spécialisée. Cette dernière, prenant du recul et sur elle, interprète néanmoins le comportement de l’enfant comme de la fatigue, car Blessed a bien souvent grand besoin de sommeil.
Originaire du Nigéria, elle vient d’arriver sur le home d’enfants avec son frère et sa sœur. Tous trois font l’objet d’un placement secret et leurs parents ignorent totalement le lieu qui désormais les accueille. Personne ne sait réellement les raisons qui ont pu pousser les instances décisionnelles à tenir ce placement au secret, mais il se raconte dans le milieu que les enfants ont dû faire face à de nombreuses violences.
Une fois sur le home et après le goûter, Brigitte Poulette décide d’accompagner Blessed à la douche. Toujours très agitée, l’enfant ne s’en laisse pas compter. Elle refuse d’enlever ses vêtements, sort de sa chambre en courant, se promène toute nue dans les couloirs. Brigitte Poulette lui court après et lui rappelle l’importance du respect de l’intimité. Après de longues négociations, Blessed accepte de se doucher. L’éducatrice lui demande de mettre le savon. L’enfant lui répond « tais-toi », lui montre ses fesses et lui tire la langue. Excédée, Brigitte Poulette décide de passer le relais à une collègue. La douche terminée, la collègue aide Blessed à mettre son pyjama. Lorsqu’elle croise Brigitte Poulette dans le couloir, elle répète « tais-toi », la tape, lui arrache ses habits.
L’éducatrice demande à l’enfant de se calmer et lui ordonne de se rendre dans sa chambre. L’enfant lui jette ses jouets dessus, lui tire à nouveau les vêtements et claque la porte de sa chambre. Elle se met à pleurer et hurle jusqu’à ce que Brigitte Poulette passe à nouveau le relais à sa collègue.
Plus tard, au cours du repas, l’éducatrice évoque ce qu’il vient de se passer : « On en a marre de crier, de vos crises à répétition, des pleurs incessants, des comportements irrespectueux ». Elle ajoute : « Il faut que ça cesse ». Elle prononce alors une sanction en présence de tous les enfants : « Blessed sera privée de veillée chaque fois que je serai en poste, tant que son comportement ne changera pas. » Elle prévient ensuite l’ensemble de l’équipe de sa décision par le biais du groupe Whatsapp prévu à cet effet.
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