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■ ACTU - Petite enfance • Les professionnels mobilisés

(c) Pas de bébés à la consigne

« Les bébés méritent mieux que les poulets bio ! ». Le syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) plante le clou : le projet de réforme des modes d’accueil de la petite enfance réduit l’espace d’accueil des jeunes enfants au niveau de ce qui est imposé à l’élevage des poulets bio. Annoncé depuis 2018, ce projet de reforme pourrait s’appliquer à partir de septembre prochain. Il entre dans le cadre de la loi d’accélération et de simplification de l’action publique (ASAP) et concerne les modes d’accueil du jeune enfant. Ce volet complète la démarche des « 1000 premiers jours » de l’enfant visant à concentrer les moyens sur cette période jugée fondatrice.

L’espace d’une place

Le 19 mars, la direction générale de la cohésion sociale a présenté aux professionnels de la petite enfance une nouvelle version du projet d’arrêté créant un référentiel national bâtimentaire pour les crèches. Il prévoit que la règle actuelle des 7m2 par place autorisée soit ramenée à 5,5m2 dans les zones à forte densité de population. En outre, il permettrait l’absence d’espace extérieur pour les crèches de moins de 24 places et 2m2 par bébés en extérieur pour celles de plus de 25 places. Le SNPPE souligne qu’un poulet bio a droit à 4m2 en extérieur.

Ce 30 mars, le collectif pas de bébés à la consigne appelle à une grève des professionnels et à des rassemblements dans une quarantaine de villes pour dénoncer ce projet de réforme. La fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (FNEJE) participe au mouvement et regrette que les propositions du rapport sur les 1000 premiers jours de l’enfant, remis en septembre 2020 au secrétaire d’Etat chargé de la Protection de l’enfance, Adrien Taquet, par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik ne se retrouvent pas dans la réforme proposée.

Taux d’encadrement au rabais

Autre point de colère : le taux d’encadrement. Actuellement, un professionnel peut s’occuper de cinq bébés qui ne marchent pas et de huit qui marchent. La réforme prévoit la possibilité d’opter pour un taux d’encadrement unique d’un professionnel pour six enfants. Mais également de réduire le pourcentage de professionnels diplômés : la réglementation exige aujourd’hui 40% de professionnels et 60% de non-diplômés comme les apprentis. La réforme propose de calculer ce ratio à l’année pour obtenir une moyenne, la part des professionnels pourrait donc diminuer pendant certaines périodes. Intenable, selon le collectif Pas de bébés à la consigne qui milite pour le maintien d’un professionnel pour cinq enfants avec au moins 50% de professionnels qualifiés dans les crèches. Et appelle à une réforme « qui remette à l’endroit l’accueil de la petite enfance ».

Marianne Langlet