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► C’est quoi le problème ? Par Mélodie • Et après ?...
Déconcertante semaine, ponctuée de rencontres impromptues et bouleversantes ! Alors que je choisis quelques pommes au marché, j’entends un « oh, Mélodie bonjour, ça fait plaisir de vous rencontrer ! »
Je me retourne et je suis, moi aussi, très émue de reconnaître une maman, accueillie à l’I.M.E il y a tant d’années avec sa petite fille épileptique. La famille, à l’époque, venait de fuir la guerre de Bosnie-Herzégovine. Je lui propose de boire un café et nous voilà attablées en terrasse. Nous papotons, hésitant chacune notre tour entre le tutoiement et le vouvoiement. Je prends des nouvelles de la famille, de sa vie depuis sa séparation d’avec son mari, de la petite ‒ devenue grande puisqu’elle a trente-trois ans cette année ‒ et des deux autres enfants devenus grands eux aussi, évidemment !
Après une petite heure d’échange, elle me confie que, sans sa grande ‒ qui est en institution la semaine et rentre chez elle le week-end ‒, elle ne sait pas ce qu’elle serait ou ferait. C’est cette enfant-là qui, aujourd’hui, donne un sens à sa vie.
Deux jours plus tard, je monte dans un bus et reconnais le chauffeur, père d’une jeune fille décédée quelques mois plus tôt. Il m’accueille avec un grand sourire et me souffle discrètement (le bus est bondé) les étapes complexes de son deuil. Les mots « vide » et « inutilité » jalonnent le récit déchirant de son histoire depuis le départ douloureux de sa cadette.
J’arrive à destination, glisse ma main sous la vitre en plexiglas qui nous sépare, la pose sur son avant-bras et lui propose, avant de lui dire au revoir, de passer prochainement à son domicile, s’il est d’accord. Il l’est.
En descendant du car, mes pensées confuses se bousculent. Elles retournent quelques années plus tôt vers une maman endeuillée par la disparition de son ainée. Elle ne savait plus qui elle était ; son identité avait pris un coup irrémissible. Rien, dans la vie qui continuait à se dérouler inexorablement, ne comblait ce manque intolérable !
Combien de parents, amputés à jamais, sont abandonnés à la fin de la cérémonie, après les condoléances, sans aucun soutien, alors qu’ils vont devoir affronter la plus terrible des épreuves ? Comment est-il possible de rompre le lien d’accompagnement au moment même où il devrait se resserrer ?
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