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► LE BILLET de Jacques • Ne pas se tromper de combat !
L’hystérisation du débat public n’en finit pas d’encombrer l’espace.
Trois raisons à cela.
L’influence des réseaux sociaux où chacun donne une opinion d’autant moins avisée qu’elle est trop souvent dominée par l’émotion, la provocation et l’invective.
Des télévisions d’information en continue surfant sur les plus bas instincts dans une concurrence sans merci, les unes avec les autres, pour décrocher des points d’audience.
L’émergence bienvenue des minorités longtemps écrasées qui, enfin, accèdent à la parole publique, mais dont les extrêmes poussent à une radicalisation qui n’hésitent pas à excommunier et vouer au bûcher toute tentative de modulation.
Se taire reviendrait à laisser le débat être confisqué par des intégristes de tout acabit.
L’une des dernières manifestations de ces dérives ? La diabolisation de la contextualisation des violences faites aux femmes. Oser hiérarchiser la gravité de ce qu’elles subissent serait faire preuve de banalisation et de déni. Affirmer qu’on ne peut mettre sur le même plan une claque isolée, le meurtre d’une conjointe ou les dizaines de victimes d’un prédateur sexuel … ferait de vous un mâle dominateur, défenseur de la suprématie masculine et complice de l’oppression patriarcale !
Un acte de violence, quel qu’il soit, doit être jugé pour ce qu’il est : une atteinte inadmissible à la règle commune qui implique le respect réciproque de l’intégrité physique de chacun(e). Mais, faut-il rappeler que le Code pénal (qui fixe le quantum des sanctions pour chaque transgression) laisse une marge d’appréciation au magistrat ? Il prévoit pour cela, des « circonstances aggravantes » permettant d’augmenter la peine au-delà du maximum prévu. Le même Code considère tout autant qu’il peut y avoir des « circonstances atténuantes » conduisant la justice à réduire le taux de la peine légalement encourue.
Contextualiser les circonstances d’une infraction est donc un acte courant pour les magistrats et cela n’a jamais impliqué une quelconque forme d’excuse ou de justification de l’acte commis, mais une prise en compte les conditions dans lesquelles il s’est déroulé. Abolir cette procédure reviendrait à échanger la justice humaine contre un algorithme qui infligerait automatiquement et sans débat une sanction face à chaque contravention, délit ou crime.
Il est des combats essentiels à mener dans la lutte des violences faites aux femmes comme financer massivement les associations qui se battent contre ces pratiques ; démultiplier autant que de besoin les lieux d’accueil où elles peuvent venir se réfugier ; ouvrir massivement des espaces thérapeutiques pour les hommes agresseurs ; transformer radicalement les modalités de traitement des plaintes dans les commissariats et gendarmeries qui sont très loin d’être à la hauteur ; donner les moyens à la justice pour traiter dans des délais raisonnables les situations qui lui sont soumises et surtout, surtout, changer le logiciel d’éducation des petits garçons et des petites filles, en supprimant les références à la légitimation par la force, la puissance et la virilité pour les premiers, à la soumission, la douceur et la passivité pour les secondes !
Mais non, ce qui semble le plus important, ces jours-ci, c’est la condamnation de toute nuance quant à la gravité des violences faites aux femmes. Question indispensable ou instrumentalisation de la problématique ? Centration sur le principal ou dévoiement de l’essentiel ? Juste considération ou obsession phobique ? A chacun(e) d’en décider !