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Frédéric Tandem, éducateur spécialisé de son état, est exaspéré de la situation sociale actuelle.
Du coup, au cours d’une pause, il s’en épanche auprès de son collègue de travail François Durand également éducateur spécialisé de son état : « Tu vois ces gamins, ils cassent, ils brûlent, ils génèrent de la violence, et pas seulement à mon avis parce qu’un jeune de dix-sept ans a été abattu par un policier. Non, tout cela révèle un malaise bien plus profond. Les banlieues ont déjà pété dans les années quatre-vingt-dix. Les signaux d’alerte sont présents depuis bien longtemps, mais qu’ont fait les gouvernements successifs à part réduire à peau de chagrin les services de proximité ? Il n’y a plus rien dans ces quartiers. C’est la zone totale. Alors, quand au travers d’une vidéo, la république apparaît comme le symbole de celle qui bute un gamin et bien, ça pète. Et là, les politiques se lâchent. Les Zemmour et autres Marion Maréchal en appellent à l’état d’urgence pour remettre de l’ordre. Tu crois qu’ils en appelleraient à plus de justice sociale ? Non, état d’urgence et ordre. La Pécresse, là, elle en appelle au pourrissement des vacances “Moi je pense qu’il faut leur pourrir leurs vacances, que tous ces casseurs, ces incendiaires on les mette hors d’état de nuire”, et bien sûr, elle rajoute “ il faut les sanctionner”. Allez, c’est parti, on ne veut pas entendre le cri de douleur derrière le cri de colère, on sanctionne. Et Veran, notre cher porte-parole du gouvernement. Porte-parole ? Porte-mensonges oui. Et bien lui, il parle de “ violences et de dégradations ” et du fait qu’“ il est nécessaire là où il y a défaillance qu’il y ait des sanctions et des réparations ”. On y retourne. Le gars il participe avec tous ses comparses du gouvernement à détruire les services publics et tout ce qui peut garantir la protection sociale aux citoyens, mais sa casse à lui, elle est normale, d’ailleurs ce n’est pas de la casse et ce n’est pas violent non plus. Toutes leurs lois passent en force, fabriquent de la misère et de l’injustice sociale, mais ce n’est pas violent. En revanche les gamins qui cassent, là oui c’est intolérable. Et “ tout ça pour rien, c’est détruire pour détruire, abimer le pays pour abimer le pays, c’est totalement inqualifiable, intolérable ” ».
Qui a dit ça ?
Bruno Lemaire, notre cher ministre de l’Économie. Quand je l’ai entendu, j’ai cru qu’il s’agissait de son autoévaluation.
Dis-moi, Frédéric. Ici, à l’ITEP (Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique), c’est violent non ?
Oui, parfois.
Et hier en réunion, quand on a évoqué Leïla qui a tout fracassé la semaine dernière, la table basse du salon, les fauteuils déchirés, la télé explosée, sa crise jusqu’à pas d’heures, enfin tout son bordel.
Oui ?
Tu as proposé quoi ?
…
Je te cite « il faut qu’elle répare et que nous posions une sanction. »
Oui, mais ce n’est pas pareil.
Pourquoi ça ?
Ben…heu…
Exactement.
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