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■ ACTU - Petite enfance • Debout contre la réforme
« Le taux d’encadrement conjugué au niveau de qualification du personnel encadrant sont des critères essentiels de l’interaction avec l’enfant et impactent directement son développement, observe Michel Vandenbroeck, spécialiste des lieux d’accueil de la petite enfance et du soutien à la parentalité lors d’un webinaire le 29 mai dernier. Les suggestions du gouvernement français représentent clairement un pas en arrière. » Portée par le secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, la réforme des lieux d’accueil de la petite enfance ne passe décidément pas. Après l’appel intersyndical (FSU, SUD, CGT, CFDT, FO) à la grève nationale des personnels des crèches les 2 février et 30 mars, la mobilisation se poursuit le 3 juin.
Un adulte pour six enfants
Afin de développer le nombre de places en crèche sans dépenser plus, le projet rogne sur le nombre de professionnels, leur formation et même l’espace. Actuellement, la loi impose un adulte pour cinq enfants qui ne marchent pas et huit qui marchent. La réforme permettrait au gestionnaire de crèche de se limiter à un adulte pour six petits sans considération d’âge. La France se situe déjà parmi les pays européens au taux d’encadrement pédagogique le plus faible. En Bulgarie, il est de trois adultes pour six enfants non marcheurs, en Irlande et en Hollande d’un pour trois, en Finlande d’un pour quatre. Le ratio de 40% des professions les plus qualifiées dans les établissements d’accueil de jeunes enfants devrait être supprimé et l’emploi à un poste de direction ne sera plus conditionné à une expérience professionnelle de terrain. Enfin, la surface intérieure minimale passerait de 7m2 à 5,5m2 par enfant.
Mener la fronde
Groupement de représentants syndicaux, professionnels et familiaux, le collectif Pas de bébés à la consigne mène la fronde contre ces régressions et propose des mesures pour une évolution qualitative. Son argumentaire s’appuie notamment sur les propositions de la Commission des 1000 premiers jours chapeautée par le psychologue Boris Cyrulnyk. Porté au nu par le gouvernement, leur rapport préconise un ratio de cinq enfants par adulte tous âges confondus, une meilleure rémunération et formation des personnels, au moins 7m2 par enfant et un accès à l’extérieur… Aux antipodes de la politique d’affichage, la réforme tend à entériner des conditions de travail dégradées dénoncées par de nombreux témoignages sur le site #petite enfance en péril : accueil en surnombre, travail à la chaine, absence de personnel qualifié… Les crèches lucratives demandent depuis des années d’acter ces pratiques qui contaminent certains établissements publics. Or, « il n’existe pas de lieux d’accueil de la petite enfance pas chers, affirme le chercheur Michel Vandenbroeck. Il y a toujours quelqu’un qui paie le prix, soit l’enfant, soit le professionnel, soit les parents, souvent les trois ».
Myriam Léon