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■ ACTU - Violences entre bandes • La protection de l’enfance aux abonnés absents

Face à l’émotion suscitée par la violence des affrontements entre bandes de jeunes en région parisienne, trois ministres préparent un plan de lutte contre ce phénomène qui devrait être adopté avant le 1er mai prochain. Les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de l’Education nationale s’accordent sur la nécessité de relancer au niveau national un plan initié en 2010.
Bizarrement, le secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance, Adrien Taquet ne se joint pas au trio et ne se prononce pas du tout sur le sujet. Pourtant, âgés de 13 à 15 ans, les protagonistes de ces rixes relèvent bien de ses compétences.

Éducateur de rue dans l’Essonne, département où les bagarres entre bandes ont provoqué la mort de deux adolescents de 14 ans les 22 et 23 février, Thibault Nachin l’interpelle sur Facebook : « Allo Adrien Taquet nous ne vous entendons pas concernant ces enfants qui s’entre-tuent et qu’il faudrait pourtant protéger. Prenez exemple sur votre collègue de l’intérieur, vous pouvez annoncer également des effectifs supplémentaires en prévention spécialisée et à la protection judiciaire de la jeunesse, des budgets en augmentation pour mettre en place des mesures éducatives... »

Cette atonie confirme-t-elle la tendance à présenter ces jeunes comme des délinquants plutôt que comme des enfants en danger à protéger d’eux-mêmes ? En tout cas, le plan de lutte rénové contre les bandes met clairement l’accent sur le renseignement et la répression. La prévention est abordée sous l’angle « du renforcement de la sécurité aux abords des établissements et lieux de rassemblement via notamment le développement de la vidéo protection ». Et c’est bien l’Intérieur qui mène la charge. Gérald Darmanin confie à l’ensemble des préfets de France la « réactivation du plan de lutte contre les bandes ». Il leur demande de réaliser avant le 10 mars un « diagnostic départemental » avec un « historique » et une « cartographie » des affrontements, l’âge des jeunes impliqués ou encore leur utilisation ou non d’armes et des réseaux sociaux. Les équipes éducatives apparaissent en filigrane, sans grande précision sur leurs métiers et leurs missions.

Les parents eux sont sommés de reprendre en main leur progéniture, une injonction complétement hors sol quand la mère d’une des victimes élève seule cinq enfants et travaille toute la journée. Maire PS de la ville de cette famille, Boussy-Saint-Antoine, Romain Colas propose une approche préventive en amont. « Il faut travailler avec les tout petits : faire en sorte que les enfants de 6, 7, 8 ans de ces quartiers passent du temps ensemble, se connaissent, fraternisent, précise-t-il au journal Le Monde le 2 mars. Avec les maires d’Epinay-sous-Sénart et de Quincy-sous-Sénart, nous avons proposé de leur faire partager des vacances dans le même centre de loisirs. » Tibault Nachin, membre de la commission de mobilisation du travail social d’Ile-de-France, rappelle que toutes les colonies de vacances, qui permettaient ce mélange, ont mis la clé sous la porte faute de financements. Ces coupes budgétaires impactent également la prévention spécialisée dont de nombreux services ferment et la protection de l’enfance de plus en plus démunie. Ce budget bascule vers des mesures répressives comme la vidéo surveillance.

Myriam Léon