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► C’est quoi le problème ? Par Mélodie • Reconnaissance

Je flâne régulièrement dans les rues de ma ville. Je l’aime depuis toujours ; j’ai encore envie de lever le nez pour découvrir à chaque coin de rue, les cimes qui se détachent sur un ciel bleu pétard, gris ou carrément rose corail. C’est un bourg « carte postale » et je ne m’en lasse pas ! Je regarde aussi les gens, j’adore ça. J’ai beau la connaître soi-disant par cœur, cette ville, je reviens souvent à la maison avec quelques curiosités à partager.
Ce matin, ça n’a pas loupé ! Deux personnes se baladent devant moi, l’une d’entre elles pousse le fauteuil roulant de l’autre. En face, sur la piste cyclable que je longe, arrive un autre fauteuil, électrique celui-là, avec une femme assise sur les genoux de l’homme le qui conduit. Oh, surprise, la jeune femme qui me précède sur le trottoir lève la main dans leur direction, en signe de bonjour. Les deux autres lui sourient et lèvent leur main à leur tour. Je pense : tiens, ils sont potes. Quelques rues plus loin, elle adresse un autre salut à un vieux monsieur ; lui aussi est assis sur un fauteuil ; il est posté à l’angle d’une avenue et fait la manche. Il lui rend la pareille, la mine réjouie en prime. Personne ne s’arrête, pas d’échanges superflus, chacun poursuit son chemin. Deux rencontres de personnes en fauteuil, deux bonjours ! Il m’en faut une troisième – une mère, son époux et leur fille handicapée –, pour comprendre, qu’en fait, ils ne se connaissent pas, tous ces gens, non, ils se reconnaissent et font comme les motards sur la route des vacances. Je m’imagine en train de saluer le nombre incalculable d’hommes et de femmes qui se promènent ou vaquent à leurs occupations, et c’est à mon tour de sourire.
Quelle belle découverte ! J’ai travaillé pendant plus de vingt ans avec des personnes handicapées et c’est la première fois que j’entrevois la complicité de ceux qui possèdent deux roues !
Il est parfois si compliqué de distinguer ce qui est commun entre prétendus semblables – ceux qui foulent le plancher des vaches bien camper sur leurs deux jambes – ! Je me surprends à penser qu’il y aurait une belle leçon à tirer de cette conduite exemplaire.