N° 1238 | Le 29 octobre 2018 | Critiques de livres (accès libre)
Ça va faire un tube
Ludovic Joce s’était déjà fait connaître en 2014 avec son roman « Point de gravité », qu’il avait situé au cœur de notre profession (Lire LS n° 1141). Depuis, il travaille toujours comme éducateur et écrit encore… pour notre plus grand bonheur. Sa dernière publication dont le titre est emprunté à Alain Bashung, s’essaie à l’art difficile de la nouvelle. Fixer une atmosphère, distiller un ressenti, saisir un caractère, le tout dans un espace réduit, tel est le défi qu’il réussit à relever. C’est avec habileté qu’il plante le décor et va à l’essentiel sans jamais se montrer ni réducteur ni elliptique. Les huit courts récits qu’il nous propose jonglent avec l’humour et la nostalgie, la dérision et la tendresse, la gravité et la légèreté. Le tragique et le cocasse de l’existence se déclinent aux différents âges, depuis celui de nourrisson jusqu’au vieillard en fin de vie, en passant par une cadre dynamique sacrifiant tout à sa carrière, une jeune mère en plein burn-out, un mari trompé ou encore les premiers pas maladroits d’un adolescent dans l’apprentissage de la délinquance. Les personnages ainsi exposés s’avèrent d’une grande banalité – de celle qui peuple notre quotidien – mais deviennent, grâce à la magie de l’écriture, hors du commun, nous incitant à mieux regarder dorénavant autour de nous.
Le lecteur devra se discipliner pour ne pas lire la dernière phrase de quelques unes de ces nouvelles, au risque de gâcher le plaisir de découvrir, au bon moment, la chute savoureuse qui lui a été réservée. En refermant le livre, on reste sur sa faim. Décidément, ce recueil est bien trop court. On en voudrait bien une louche de plus… voire deux. En attendant la suite, il ne reste plus qu’à relire les récits qu’on a préférés !
Jacques Trémintin
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