Agir en démocratie

La démocratie est à la fois un idéal et un problème. Idéal parce qu’elle promeut l’égalité entre tous les citoyens. Problème, parce que son dessein ne peut jamais être atteint, tant les échanges humains sont inscrits dans un processus sans fin et une invention permanente. Son ambition de développer le pouvoir des plus démunis se heurte à celui de l’argent. Son objectif de partager justement les responsabilités se confronte à l’absence de toute obligation, de la part de ceux qui en sont investis, à rendre des comptes. Son aspiration à placer l’humain au cœur de la politique s’oppose aux intérêts des groupes de pression.
La solution à ces contradictions ne saurait se réduire à une posture seulement descendante ou ascendante, mais se trouverait dans une alliance de citoyens décidés à se faire entendre des pouvoirs politiques et économiques.
C’est le sens des Community organizing que nous présente Hélène Balazard. Il s’agit d’une auto-organisation des personnes concernées par des problèmes à résoudre, pouvant prendre une multitude de formes. Envisageant d’abord des changements à petite échelle, au niveau individuel et local, pour construire progressivement et durablement un savoir pratique et une capacité collective d’action, cette mobilisation va au-delà des politiques partisanes et de la démocratie participative.
Elle articule une finalité (élaborer un contre-pouvoir) et des moyens (tisser des liens étroits entre ses participants). Cette citoyenneté innovante ne se résume pas à la seule revendication de griefs. Face aux pouvoirs en place, elle se veut force de propositions, comme le montrent les illustrations présentées par l’auteure, qui témoigne combien les initiatives et les débats traversent une démarche cherchant sans cesse à se développer, interagir et s’enrichir de ses propres expériences.