N° 1154 | Le 8 janvier 2015 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
En ces temps de défiance à l’égard d’une classe politique flétrie par les scandales et les passe-droits, voilà un ouvrage détonnant. Le personnage qui l’écrit est une âme pure, de celle qui est passée par les pires moments de l’existence et sait de quoi il parle quand il appelle à combattre la détresse, la misère et l’exclusion.
Michel Pouzol, issu de milieux modestes, devient journaliste, réalisateur et scénariste. La précarité de cette profession le précipite dans la chute. Couvert de dettes, il se retrouve avec femme et enfants à vivre dans un cabanon de 25 m2 sans confort, en bordure de forêt. Ils connaissent alors le sort de tant d’exclus : les lettres d’huissier et les factures qu’on jette au panier, le froid qui envahit le logement quand le seul chauffage électrique disponible rend l’âme, la peur de voir ses enfants placés, la quête de petits boulots qui ne permettent pas d’assurer des ressources régulières. L’aide des services sociaux et de l’association Solidarité nouvelles pour le logement s’avèrera décisive pour sortir la famille de l’épreuve. L’auteur leur rend un hommage appuyé.
Pendant toute cette période, le couple a réussi à garder la tête hors de l’eau, présent comme parents d’élève et accompagnant ses enfants à leurs activités sportives. Ils s’engageront même en politique. Michel Pouzol est d’abord élu au conseil général de l’Essonne, sa première intervention étant destinée à ses collègues, pour les remercier d’avoir voté les crédits du RMI grâce auquel il a pu survivre. Puis viendra, en 2012, son entrée comme député au Palais Bourbon où il ne cesse encore aujourd’hui d’appuyer tous les projets destinés à aider les plus fragiles. Cette autobiographie émouvante et sincère, bourrée d’anecdotes, constitue un précieux témoignage sur les mécanismes de l’exclusion et l’utilité des dispositifs tentant de la réduire.
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