N° 1051 | Le 23 février 2012 | Katia Rouff | Critiques de livres (accès libre)
Elle s’appelle Garance, c’est le nom d’une fleur. Ses parents, les auteurs du livre-observation Ecouter Haendel, ont sans doute aimé le film Les enfants du paradis. Garance est une petite fille aux beaux yeux bleus, presque couleur de myosotis, avec « une certaine fixité ». Elle a le teint pâle et de la langueur. Un simple retard de développement ? Malgré les examens et les consultations d’éminents spécialistes, les diagnostics restent imprécis et les parents inquiets. Garance n’est pas comme les autres, sa mère et son père la découvrent au fur et à mesure « hors norme », différente. Elle se distingue des autres enfants par ses maladresses, ses déséquilibres, sa passivité, ses retards. « Troubles envahissants du comportement », telle sera la conclusion. « Une singulière épreuve à laquelle personne n’est préparé et que nous affrontons seuls, le plus souvent avec nos seuls moyens, observation, sensibilisation, réaction, anticipation, démarches aléatoires, anxiété, irritation, petites satisfactions et grands malheurs, petite énergie et grands désespoirs », écrivent ses parents.
Ces troubles, ils ne se contentent pas de les observer, ils les vivent jour après jour, notant dans un carnet les gestes, les mots, les réactions, les crises violentes de Garance. Ils s’étonnent, s’amusent parfois de ses trouvailles, de ses élans. Garance fait des blagues, Garance invente des mots – Catherine Deneuve devient « 89 » –, elle a de la curiosité pour tout, pour tous. Ses parents sont charmés, inquiets, alternant désarroi et espoir. De cette vie partagée avec Garance durant une dizaine d’années, est né ce témoignage exceptionnel : « Un livre conçu comme une mosaïque d’impressions et de réflexions, comme une chance donnée à la petite fille qui veut écouter Haendel de se faire entendre. »
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