N° 1208 | Le 25 mai 2017 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Les restrictions budgétaires, les procédures de contrôle, les démarches de certification… il n’y a pas que le médico-social qui subisse le new public management. Ces contraintes concernent aussi le secteur médical, comme le démontre Frederik Mispelblom Beyer qui dénonce l’instrumentalisation d’une santé de plus en plus réduite à une démarche commerciale.
Deux conceptions de la médecine s’opposent. La première, plus traditionnelle, limite sa vision au métabolisme, aux organes et aux fonctions plus ou bien réglées et équilibrées, que l’on pourrait réguler grâce à des actes homogènes, mesurables et quantifiables. L’hôpital devient alors une entreprise de soins mécaniques et standardisés, soumis à des indicateurs de gestion centralisée symbolisés par la T2A (tarification à l’acte).
L’autre conception, inspirée par Georges Canguilhem, définit la santé comme la capacité à faire face à ce que l’on souhaite faire, malgré la maladie. Elle conduit le soignant à bricoler face à des situations à chaque fois singulières et à se débrouiller pour s’adapter aux imprévus posés par des malades en chair et en os qui ont du mal à entrer dans les cases préétablies pour eux. Cette médecine-là fonctionne sur la base d’une alliance entre le soignant, le soigné et son entourage et se déploie à travers la relation, le dialogue et le contact. Tout praticien se doit de choisir entre, d’un côté, l’exécution à la lettre des protocoles et des directives et, de l’autre, l’utilisation de son libre arbitre et de sa capacité à réfléchir par lui-même afin de s’ajuster aux spécificités des situations rencontrées. C’est à partir de ces postulats que l’auteur revisite les différents acteurs de la médecine, qu’ils soient médecin de ville ou soignant hospitalier, cadre ou patient.
Dans le même numéro
Critiques de livres
J.R. Loubat, J.P. Hardy et M.-A Bloch