N° 1305 | Le 16 novembre 2021 | Critiques de livres (accès libre)
Côte d’alerte atteinte
Elles sont soixante-et-une associations regroupées au sein du collectif « Construire ensemble la Politique de l’Enfance » à dresser un état de lieux et à présenter des propositions.
Le constat n’est guère rassurant. Plus de sept cents enfants dormant à la rue avec leurs parents et plus de vingt mille placés à l’hôtel par l’ASE, en région parisienne. Un reste à vivre situé entre 2 et 9 e pour un enfant sur cinq vivant sous le seuil de pauvreté. Deux cents enfants français détenus en Syrie que le gouvernement refuse de rapatrier. Beaucoup trop d’enfants avec handicap non scolarisés ou à temps partiel. Une carence de moyens pour repérer, dépister, diagnostiquer et mettre en place des réponses adaptées à ceux qui rencontrent des difficultés de développement. Plus de places en centres fermés qu’en foyer ordinaire pour les mineurs sous-main de justice. Injonction à accueillir en surnombre des petits entassés en crèche avec en proportion moins d’adultes, moins formés. Liste d’attentes s’allongeant toujours plus pour les prises en charge en protection de l’enfance. Division par deux du nombre de pédopsychiatres, depuis dix ans. Réduction ininterrompue du nombre de lits d’hospitalisation en pédiatrie, depuis trente ans. La politique de l’enfance en cours est sécuritaire et injonctive, court-termisme et utilitariste, étroitement économiste, voire comptable. Standardisation, uniformisation, modélisation et protocolisation se substituent progressivement à la nécessaire plasticité, adaptabilité et au sur mesure.
Une myriade de propositions s’oppose à ce constat : création d’un grand ministère de l’enfance et d’un code spécifique ; plan Marshall pour extirper trois millions d’enfants de la pauvreté ; revitalisation des services publics à son service ; moyens financiers permettant de les faire vivre, etc.
Jacques Trémintin
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