N° 979 | Le 1er juillet 2010 | Katia Rouff | Critiques de livres (accès libre)
« Chez un homme c’est moche, mais chez une femme, c’est carrément dégoûtant ! » Rarement reconnu comme une maladie, l’alcoolisme est en plus souvent assimilé à un vice chez les femmes. Ce mépris associé à la honte pousse celles qui souffrent de cette maladie à la cacher, à se replier sur elles et à s’isoler.
Pourtant, Fatma Bouvet de la Maison neuve, l’auteur du livre Les femmes face à l’alcool, médecin psychiatre à la consultation d’alcoologie pour femmes à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, constate une véritable dégradation de la santé psychique des femmes actives et une augmentation de l’alcoolisme féminin. Il touche des femmes modernes, performantes, aspirant à réussir professionnellement tout en restant féminines et en étant de bonnes mères. Des femmes souvent stressées, débordées, avec une faible estime de soi, que l’alcool aide à ne pas craquer avant de les asservir.
Lors de la première consultation, le médecin leur explique qu’elles souffrent d’une maladie contre laquelle des moyens thérapeutiques existent. Elle insiste aussi sur le fait que cette maladie touche d’autres femmes, de tous âges et de toutes catégories sociales. Elle survient le plus souvent chez celles ayant des antécédents dépressifs et anxieux, des conditions de vie sociale et affective pénibles et parfois chez celles qui ont été victimes d’abus sexuels.
Mais le livre a aussi pour objectif de nous alarmer : le burn out touche trois femmes pour deux hommes et les tentatives de suicide sont deux fois plus élevées chez elles. « Nous ne pouvons pas faire l’économie d’une réflexion de fond sur la place des femmes dans le monde moderne pour leur garantir plus d’épanouissement, d’harmonie mais aussi de réussite dans la sphère à la fois familiale et professionnelle », insiste l’auteure.
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