N° 1158 | Le 5 mars 2015 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Partant du constat de l’absence trop fréquente de réaction pensée et réfléchie face aux comportements agressifs, Jean-Max Ferey se propose justement de déconstruire ces passages à l’acte et de présenter un certain nombre d’outils de gestion permettant d’y répondre avec efficacité. On retrouve, en tout premier lieu, l’incontournable mais essentiel distinguo entre agressivité, agression et violence. Puis sont déclinés un certain nombre de facteurs permettant de cerner au plus près les tenants et aboutissants du scénario tant redouté. Parmi ceux présentés par l’auteur, il y a la mesure de la nature de l’intention agressive : la personne cherche-t-elle à se défendre, veut-elle transmettre un message ou son acte est-il délibéré et volontaire ? Toute une série de déterminants endogènes la concernant peuvent aussi être identifiés : son caractère impulsif, sa labilité émotionnelle, son intolérance à la frustration, son éventuelle pathologie mentale, sa consommation excessive d’alcool ou de drogue.
D’autres éléments exogènes renvoient à l’environnement : valorisation culturelle de l’agressivité, relâchement des interdits sociaux, appartenance à un groupe, influence des medias, effets du bruit, de la chaleur, de la promiscuité. Puis, viennent les déclencheurs : atteinte de l’estime ou de la reconnaissance de soi, intrusion dans l’espace vital, ressenti d’insécurité… Des indicateurs permettent de mesurer la montée de la tension agressive, tant au niveau du comportement que de la situation du verbal ou du non verbal. Ce décryptage, présenté par l’auteur, du contexte et des conditions de montée de la tension s’accompagne de propositions concrètes qui, mises en œuvre, peuvent permettre l’apaisement de la situation. Il en va ainsi de l’identification par le professionnel de son propre ressenti émotionnel : clarifier son vécu et reconnaître son sentiment, afin de ne pas en rester prisonnier.
Mais aussi, prêter une attention particulière à la gestion de l’espace, en sachant garder sa distance face à une personne en montée d’agressivité. Adopter des postures rassurantes fait aussi partie des réflexes positifs : éviter de fixer le regard, présenter ses mains vides, parler et se déplacer lentement, en ne tournant jamais le dos. Le maintien du contact verbal est, on s’en doute, essentiel : bannir toute menace et adopter une écoute à la fois aiguisée et empathique, en reformulant les propos entendus. Les stratégies globales à adopter ne peuvent être fixées à l’avance : elles vont de l’évitement à l’affrontement, en passant par les tentatives de désamorçage ou de négociation. Une fois la crise passée, l’évaluation constitue une étape indispensable, en terme de retour d’expérience. Réfléchir sur ce qui s’est passé et sur la gestion de la crise permet non seulement de mieux comprendre, mais aussi d’apprendre à mieux prévenir pour éviter de ne faire que subir.
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Chantal Rodet (sous la direction)