N° 1192 | Le 29 septembre 2016 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)
Comment réagir face à des adolescents victimes d’un processus brutal de rupture, mais dans l’incapacité de formaliser une quelconque demande de soins thérapeutiques, tant la parole est associée pour eux aux risques de réminiscence et de régression ? Peut-être en ne se centrant pas d’emblée sur sa souffrance psychique, mais sur les symptômes somatiques qu’elle induit, en l’occurrence l’état général de santé et les incidences sur le corps en particulier. C’est le choix fait, depuis 2000, par l’unité Guy-Moquet recevant des jeunes qui lui sont adressés par la PJJ, l’ASE et les Missions locales.
L’accueil, l’écoute, la pose du diagnostic et l’assurance de la continuité des soins s’appuient sur un plateau technique de type polyclinique, permettant des interventions médicales et paramédicales complémentaires. Si une psychothérapie n’apparaît pas possible aussitôt, elle le sera peut-être quelques mois plus tard. L’éthique du service se fonde sur une co-construction du processus de soins. Si la famille et les professionnels présents dans la situation y sont associés, c’est le patient qui se trouve au centre. Le soignant détient un savoir-faire qu’il met au service d’une personne qui, elle, détient le savoir de son propre bien-être. L’adolescent en grande difficulté a surtout besoin de faire alliance avec un professionnel dont le savoir n’est pas synonyme de domination et de contrainte, mais qui doit pouvoir être vécu comme une source de réassurance. Et un point d’appui lui permettant de cheminer vers son autonomie. Lorsque l’enfance s’éloigne, un processus de transition est initié entre la pédiatrie et la médecine adulte, afin d’étayer une rupture qui sinon présenterait un risque d’aggravation.
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